Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C’est une purge de grande ampleur. On peut même parler d’une chasse aux sorcières qui se poursuit dans les rangs de la police depuis plusieurs jours, tant à Istanbul qu’à la direction générale de la Sûreté à Ankara et dans plusieurs grandes villes. Aujourd’hui, lors d’un meeting, le Premier ministre s’en est d’ailleurs une nouvelle fois publiquement pris aux policiers qui avaient procédé aux arrestations des suspects de cette enquête anti-corruption, en début de semaine.
→ A (RE)LIRE: Turquie: une enquête anti-corruption aux trois visages
Hier, Fethullah Gülen, le leader de la confrérie supposé avoir orchestré le scandale qui éclabousse le gouvernement, avait pris la défense des policiers et attaqué avec virulence le gouvernement, lui « promettant la punition divine » pour ces mesures contre la police.
Restrictions pour les journalistes
Autre signe de cette reprise en main : dans la nuit, une nouvelle circulaire du ministère prévient les fonctionnaires de police qu’ils doivent désormais informer leurs supérieurs hiérarchiques avant de procéder aux perquisitions et arrestations ordonnées par la justice.
Les mêmes restrictions s’abattent sur les journalistes qui n’auront désormais plus accès au bâtiment de la direction de la Sûreté, où les permanenciers disposaient jusque-là d’un bureau qui leur était réservé. Ils devront attendre à la porte extérieure, sur le trottoir, en pleine rue. Autant de décisions qui illustrent la fermeté du gouvernement, bien décidé à affirmer son autorité sur une administration qu’il estime infiltrée par la confrérie Gülen.