La bande son diffusée par Médiapart, ne laisse aucun doute. Nous sommes le 12 novembre dernier, le maire de Roquebrune-sur-Argens (Var), participe à un conseil de quartier. Il parle débroussaillement, incendies. Très vite, son intervention dérive sur les Roms. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ses propos sont alors enregistrés par un participant.
« Je vous rappelle quand même que les gens du voyage, que dis-je, les Roms, m'ont mis neuf fois le feu. Neuf fois des départs de feux éteints par le SDIS, dont le dernier, ils se le sont mis eux-mêmes. Vous savez ce qu'ils font : ils piquent des câbles électriques et après ils les brûlent pour récupérer le cuivre et ils se sont mis à eux-mêmes le feu dans leurs propres caravanes ! Un gag ! Ce qui est presque dommage, c'est qu'on ait appelé trop tôt les secours ! », lance-t-il sous les rires de la salle.
Luc Jousse, exclu de l’UMP ?
Dès hier soir, l’UMP a condamné « avec la plus grande fermeté » cette sortie de Luc Jousse. Ces propos sont « inacceptables », « choquants », et « justifient une sanction », a estimé ce jeudi matin Christian Jacob, le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale.
Le parti conservateur statuera sur le cas du maire de Roquebrune-sur-Argens mercredi prochain lors de son bureau politique. Pour ce député UMP de la petite couronne parisienne, pas de doute, Luc Jousse sera exclu. « C’est en bonne voie », précise ce membre de la direction de l’UMP. Aujourd’hui, Luc Jousse tente, tant bien que mal, de se défendre. Il assure avoir répété « une blague salace » entendue dans le public.
Et le maire de dénoncer « une mascarade », « un procès d’intention » de son opposition. Toujours est-il que ces propos ont suscité l’indignation de toute la classe politique. De son côté, SOS Racisme a fait part de son intention de porter plainte.
La longue série de déclarations anti-Roms continue
Avant Luc Jousse, d’autres maires avaient déjà tenus de violents propos anti-Roms ces derniers mois. En juillet dernier, Gilles Bourdouleix, le maire UDI de Cholet, avait estimé, en parlant des Roms, que « Hitler n'en avait peut-être pas tué assez ».
Un peu plus tard, c'est au tour de Régis Cauche, le maire UMP de Croix dans le Nord, de déclarer que si un de ses administrés commettait « l'irréparable » envers un Rom il lui apporterait son « soutien ».
Cette parole ultraviolente s'est peut-être libérée suite aux propos du ministre de l'Intérieur. Manuel Valls avait déclaré au mois de septembre, que seule une minorité de Roms voulait s'intégrer en France. « Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et sont évidemment en confrontation » avec les populations locales, avait-il dit avant d'ajouter : « Les Roms ont vocation à rentrer en Roumanie et en Bulgarie ».
La question des Roms, un des thèmes de campagne du Front National
A un peu plus de trois mois des élections municipales, certains candidats veulent faire de la question des Roms un sujet de campagne. Et ce, alors que les Roms ne seraient, selon le conseil de l'Europe, qu'entre 15 000 et 20 000 dans l'Hexagone. Le ministre de l'Intérieur a dénombré 400 campements sur tout le territoire, dont les deux tiers en Ile de France.
Certains maires tirent la sonnette d'alarme sur ce qu'ils considèrent comme un problème. Crédité de très bons sondages pour ces municipales, le Front national a fait du sujet un de ses axes de campagne. A cause des Roms, « les Français vivent un véritable enfer », avait affirmé Marine Le Pen en septembre dernier, elle qui prône le démantèlement de tous les bidonvilles et le renvoi de « tous les clandestins ». La présidente du FN n’avait pas hésité à évoquer « une ambiance qui peut tourner au conflit, voire à la guerre civile ».