RFI : Ce projet, qui s’inscrit dans les orientations présentées en 2012, diminue encore un peu plus les effectifs, notamment au niveau de l’armée de terre. 24 000 postes sont amenés à disparaître. Est-ce réaliste, alors que le pays s’engage sur des opérations extérieures ?
Patricia Adam : Nous prenons des décisions qui ne sont pas faciles à prendre. La diminution d’effectifs est toujours un sujet sensible. C’est normal. Les travaux du Livre blanc et les travaux sur la loi de programmation militaire (LPM) font qu’il nous était absolument impossible de ne pas envisager cette solution, si on voulait réaliser un équilibre difficile. A savoir, la capacité à investir pour équiper nos forces armées, produire un entraînement, le renforcer et l’augmenter même, puisqu’on va augmenter la partie entraînement pour les militaires.
C’était un équilibre budgétaire, un équilibre de l’ensemble de la loi, qui nous a amenés à proposer ce texte. Sans pour autant désorganiser l'armée et tout en permettant de pouvoir s’engager sur des opérations à l’extérieures. Ça a été de longs débats, de longues discussions qui durent depuis un peu plus d’un an maintenant et nous sommes arrivés à cet équilibre.
Vous parliez de budget. Financièrement, l’Etat a vraiment les moyens de cette politique ? La future loi prévoit un effort de 190 milliards d’euros sur cinq ans. On table aussi pour cela sur la vente à l’étranger de matériel de défense ?
L’enjeu stratégique premier est de retrouver un budget à l’équilibre et de diminuer l’endettement de notre pays vis-à-vis des organismes bancaires, entre autres. Ce budget, aujourd’hui, est garanti. Garanti dans la loi de programmation militaire, puisqu’il permettra dans les négociations et discussions qu’il a pu avoir avec Bercy, de le garantir et de donner à la commission de la Défense, que ce soit celle de l’Assemblée ou du Sénat tous les moyens de contrôler l’exécution de cette loi sur cinq ans. Je peux vous dire que la commission de la Défense, que ce soit celle de l’Assemblée ou celle du Sénat, sera particulièrement vigilante.
Cette loi réoriente aussi la manière de concevoir la Défense, accent mis sur le renseignement, la cybercriminalité. Ce sont ça les nouveaux terrains d’opération à l’avenir ?
Les menaces sont polymorphes aujourd’hui. La question du cyber est un élément important, bien évidemment. Ce sera, je dirais, une nouvelle action du ministère de la Défense que l’on va développer. Elle avait déjà été commencée dans la loi de programmation précédente et on va l’accentuer.
Le deuxième point, bien sûr, c’est cette capacité à intervenir à l’extérieur, avec un renforcement des forces spéciales, entre autres. Et qui dit forces spéciales, dit aussi renforcement du renseignement.
A droite, François Fillon parle de déclassement stratégique de la France, par opposition à la puissance de l’armée allemande. Que lui répondez-vous ?
Quand le gouvernement précédent a supprimé 54 000 postes, je pense qu’on n’a pas de leçon à recevoir. Deuxièmement, cette loi de programmation qui finit avec une non-exécution, une fois de plus, puisqu’il nous manque trois milliards sur l’exécution précédente.
L’engagement qui a été pris par Jean-Yves Le Drian et le Premier ministre, ainsi que le président de la République, cette loi de programmation – et je peux vous assurer qu’on le vérifiera et que chaque année il y aura un gros travail qui sera fait – c’est de faire que cette loi de programmation soit réalisée en totalité. Je connais Jean-Yves Le Drian – je suis également Bretonne –, je sais qu’il fera en sorte qu’elle soit respectée.