Gaudin officiellement candidat, Marseille prépare son champ de bataille municipale

La campagne municipale est désormais lancée à Marseille. Le maire UMP Jean-Claude Gaudin a annoncé, jeudi 21 novembre au soir, qu’il était candidat à sa propre succession. Face à lui, le député Patrick Mennucci, vainqueur en octobre dernier de la primaire socialiste. Dans ce match à deux, Stéphane Ravier, le candidat FN, pourrait venir jouer les arbitres. Tout comme Pape Diouf, l’ancien président de l’OM, qui réfléchit à se lancer dans la bataille. Revue d’effectifs à quatre mois, presque jour pour jour, du premier tour.

La décision de se représenter pour un quatrième mandat, Jean-Claude Gaudin l’a prise voilà plusieurs mois, convaincu, sans doute, par ce sondage commandé par l’UMP dans lequel il apparaissait comme le meilleur candidat à droite. L’actuel maire de Marseille se voyait mal passer la main. La cité phocéenne, c’est toute sa vie. « La politique, il a tout consacré à cela, c’est son oxygène », expliquent ses proches. Conseiller municipal à 25 ans, tour à tour député, président du Conseil régional, sénateur, ministre, ce fils d’artisan maçon a construit sa carrière politique à partir de cette ville qui l’a vu naître il y a 74 ans.

Hors de question donc pour lui de céder la place à qui ce soit, surtout pas à l’un de ses proches. D’ailleurs, il a bien pris soin de ne pas organiser sa succession… Maire de la deuxième ville de France depuis dix-huit ans, Jean-Claude Gaudin repart donc pour un dernier combat, car il ne peut pas « admettre que (s)a ville soit prise en otage entre populisme et retour en arrière ».

Son bilan, il en est fier, il ne cesse d’ailleurs de le mettre en avant. Depuis 1995, le chômage aurait diminué de moitié, le tourisme atteindrait des niveaux record… Son objectif pour 2014 ? « Amplifier le changement que j’ai initié afin de faciliter la vie quotidienne des Marseillais. »

Duel très serré en perspective

Mais la partie s’annonce compliquée pour l’actuel maire de la ville. Son principal adversaire, le socialiste Patrick Mennucci, a réussi son entrée en campagne. Un sondage cette semaine le donne vainqueur (1). Chose inimaginable il y a quelques semaines, le député est parvenu à rassembler son camp après une primaire parfois houleuse qui aurait pu laisser des traces.

Après avoir battu lors de cette primaire la ministre Marie-Arlette Carlotti, puis l’élue des quartiers nord, Samia Ghali, Patrick Mennucci rêve maintenant de faire tomber Jean-Claude Gaudin. Enfant de Marseille, cet élu local (depuis 1983) ferraille depuis longtemps contre le maire. Dans le privé, on dit que les deux hommes s’apprécient, mais en public le combat est frontal. Ce vendredi matin, le candidat socialiste tenait une conférence de presse pour attaquer « le bilan des dix-neuf années Gaudin ». Durant la primaire socialiste, Patrick Mennucci avait notamment dénoncé la cogestion à la mairie de Marseille entre le maire et le syndicat Force ouvrière.

Le FN et Pape Diouf en embuscade

Dans ce match à deux, Stéphane Ravier, le candidat du Front national, pourrait venir jouer les arbitres. Crédité de 21% des voix au premier tour, le parti d’extrême-droite tente de surfer sur l’insécurité et la multiplication des règlements de compte. Dix-huit personnes ont été tuées par balles depuis le début de l’année dans la cité phocéenne. Le FN ambitionne de remporter une mairie de secteur et surtout de peser sur le choix du prochain maire.

A quatre mois du scrutin, un ancien président de l’Olympique de Marseille (de 2004 à 2009) pourrait à son tour se lancer dans la bataille. Son nom : Pape Diouf. Agé de 62 ans, cet ancien journaliste au quotidien La Marseillaise a été sollicité par un conseiller municipal écologiste pour se présenter à l’élection. Depuis, l’homme, qui a soutenu François Hollande à la dernière présidentielle, multiplie les sorties et réfléchit sérieusement à l’idée de se porter candidat. En attendant, il renvoie dos à dos les deux principaux candidats. A ses yeux, Jean-Claude Gaudin « n’a pas transformé la ville en profondeur, comme elle en aurait eu besoin ». Quant à Patrick Mennucci, « il a contre lui le fait d’être un homme d’appareil ».

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(1) Un sondage BVA publié lundi 18 novembre par Le Parisien-Aujourd’hui en France donne Patrick Mennucci vainqueur du scrutin au second tour dans le cas d’une triangulaire. Le candidat socialiste obtiendrait 41% des voix contre 40% au maire UMP Jean-Claude Gaudin et 19% à Stéphane Ravier, le candidat FN.

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