L’Agence mondiale antidopage (AMA) s’est dotée de nouvelles armes dans sa chasse aux tricheurs en adoptant ce 15 novembre 2013 à Johannesburg un nouveau code – baptisé Code 2015 – qui entrera en vigueur, comme son nom l’indique, le 1er janvier 2015. Dans sa nouvelle version, le code de l’AMA durcit les sanctions en fixant à quatre ans de suspension la sanction suite à une première violation, à moins que le sportif parvienne à convaincre les instances disciplinaires qu'elle n'était pas intentionnelle.
Plus de moyens
Il s’agit d’une évolution notable par rapport aux précédentes versions du code antidopage. Après avoir instauré une punition quasi unique de deux ans suite à la première infraction, puis une suspension à vie en cas de récidive lors de sa première mise en pratique en 2004, le code avait affiné la palette de ses sanctions en 2009 en tenant compte de « circonstances atténuantes » ou « aggravantes ». A l’usage, ce barème avait malgré tout créé des injustices puisqu’il mettait sur le même pied des sportifs piégés pour une consommation de cannabis et des athlètes utilisant de l'EPO, un puissant produit dopant.
Avec les nouvelles sanctions fixées à quatre ans, les sportifs de disciplines olympiques convaincus de dopage seront suspendus durant toute une olympiade, une menace qui s’avère beaucoup plus dissuasive. Le Code 2015, adopté à l’unanimité, comporte d'autres nouveautés. Il va permettre à l'AMA de mener elle-même des investigations, ce qu'elle ne pouvait pas faire auparavant. Il permettra aussi aux autorités antidopage de s'intéresser davantage à l'entourage des sportifs, tels que les médecins et entraîneurs, qui incitent voire aident les sportifs à se doper.
« On se dirige vers un nouveau code mondial qui est plus ambitieux, plus clair, plus juste, qui prend en compte justement l’évolution de toutes ces dernières années », s’est félicitée sur place la ministre française des Sports Valérie Fourneyron, au micro de la correspondante de RFI Alexandra Brangeon. « On avait un code qui datait de 2009 et on a bien vu qu’il était insuffisant pour lutter contre le dopage », a-t-elle ajouté.
L'expérience Lance Armstrong
« Dans ce code, il y a des éléments qui, à l’évidence, sont dictés par ce que nous ont appris des affaires comme celle de Lance Armstrong (ex-cycliste américain dopé, Ndlr)», a précisé Mme Fourneyron. « Il y a la possibilité, a-t-elle poursuivi, que les contrôles pour les sportifs ne soient pas simplement des contrôles analytiques - comme le contrôle sanguin ou le contrôle urinaire - mais qu’on puisse avoir des preuves comme, par exemple, des témoignages, des aveux, ou le suivi de paramètres biologiques. Cela a été le cas pour Armstrong où il a fallu aller rechercher des échantillons antérieurs », a-t-elle rappelé.
Valérie Fourneyron s’est également réjouie que l’AMA se soit dotée de nouveaux moyens financiers pour mener son action, prenant exemple sur une enquête en cours en Jamaïque, pays dont les succès récents en sprint ont suscité des doutes. « L’AMA s’est déplacée en Jamaïque pour exiger des améliorations. Une commission d’enquête serait en cours », a indiqué la ministre. « On a besoin de cette autorité de régulation internationale pour que tous les sportifs et que toutes les disciplines soient à la même enseigne », a-t-elle conclu, en rappelant au passage que 175 pays avaient désormais ratifié la Convention internationale de l’Unesco contre le dopage dans le sport, adoptée en octobre 2005 à Paris.
(avec AFP)