C’est le procès d’une tragédie emblématique qui s’ouvre ce jeudi à Paris. Emblématique de la question du mal logement, laquelle demeure une réalité en France. Emblématique, aussi, de l’incurie qui régnait dans le parc hôtelier parisien au moment des faits. Reste que c’est d’abord une suite d’erreurs et de négligences individuelles consternantes qui sont à l’origine de l’incendie de l’hôtel Paris-Opéra qui causa, dans la nuit du 21 avril 2005, la mort de 24 personnes et fit 50 blessés, au 76 de la rue de Provence dans le IXe arrondissement de Paris.
Une suite de maladresses
Tout commence par une dispute entre Nabil Dekali, fils des gérants de l’hôtel, qui est ce soir-là de garde en tant que veilleur de nuit, et sa petite amie, Fatima Tahrour. Furieuse d’être délaissée par Nabil qui préfère passer son temps avec des clients et consommer alcool et cocaïne, elle jette ses vêtements sur des bougies disposées dans le local qui sert de salle de petit déjeuner le matin et de salle de repos la nuit. Puis elle quitte les lieux en oubliant de fermer la porte.
La suite est dramatique. Les vêtements s’enflamment et le feu se propage dans la cage d’escalier, prenant au piège les clients, 77 personnes au total pour une capacité autorisée de seulement 62. Nabil Dekali tente bien d’éteindre l’incendie mais il ne sait pas se servir de l’extincteur. Il va finir dans le coma après avoir tenté de secourir une cliente. C’est finalement un voisin qui signale le sinistre aux pompiers, lesquels arrivent bien trop tard pour sauver les malheureux, dont certains doivent se jeter par les fenêtres pour échapper aux flammes.
L’hôtel était aux normes
Le bilan est terrible : 24 morts donc, dont 9 femmes et 11 enfants, ajoutés à 50 blessés, pour la plupart des familles étrangères en difficulté placées là par le Samu social dans l’attente d’un logement. Le drame suscite à l’époque un vif émoi. L’enquête révélera cependant que l’hôtel était aux normes, précisant même qu'il avait fait l’objet d’une visite de contrôle un mois avant la catastrophe.
Les gérants, Rachid et Fatima Dekali, sont cependant poursuivis pour homicides involontaires en raison de trois manquements aux obligations de sécurité (suroccupation, mauvaise isolation, défaut de formation aux règles de secours). Nabil Dekali et son ex-petite amie Fatima Tahrour sont également sur le banc des accusés. Les peines encourues vont de trois à cinq ans de prison. Le procès doit durer jusqu'au 22 novembre.