Paru pour la première fois en 1964 sous l’impulsion de l’éditeur Paul Robert et sous la direction, déjà, du linguiste et lexicologue Alain Rey, le dictionnaire alphabétique et analogique de la langue français, plus connu sous l’appellation « Le Grand Robert », s’apprête à fêter les cinquante ans de sa création. L’occasion était donc toute trouvée pour faire franchir à cet ouvrage de référence une nouvelle étape, vingt-quatre ans après le lancement d’une première version numérique sous la forme d’un CD-ROM commercialisé dès 1989.
Réactualisé en permanence
Depuis jeudi 31 octobre, Le Grand Robert est donc disponible dans sa dernière version, à la fois en format CD-ROM pour PC et pour Mac et en version téléchargeable, laquelle offre l’avantage d’être régulièrement réactualisée et aussi celui de receler plus d’un million de liens hypertextes, fonction cliquable qui apporte un réel plus par rapport à la version papier. « Le Grand Robert est un dictionnaire qui évolue en permanence », indique Edouard Trouillez, lexicologue aux éditions Le Robert. « Notre équipe de documentalistes et de lexicographes observe tous les jours l’évolution du français, ajoute-t-il, et nous proposons régulièrement des mises à jour avec des mots et des sens nouveaux », une adaptabilité évidemment impossible avec le papier.
« La grande force du numérique, c’est la mobilité, la simplicité et la rapidité d’accès » précise Laurent Catach, responsable des éditions numériques de la maison d’édition. « Depuis n’importe où, avec n'importe quel appareil, ordinateur, tablette, on peut utiliser le dictionnaire ». Pour répondre au mieux aux attentes des utilisateurs futurs, les éditions Le Robert ont misé sur l’aspect pratique en interrogeant un panel d’usagers sur leurs habitudes de consultation du dictionnaire.
Avec l’édition numérique, l’internaute peut donc aussi se servir du Grand Robert comme dictionnaire de synonymes ou de citations ou encore comme un ouvrage de référence puisqu’elle contient une biographie cliquable et détaillée de tous les auteurs cités. « Sur internet, la qualité peut être variable mais la quantité est de toute façon excessive » déclarait récemment au Figaro le célèbre Alain Rey, lequel veille toujours, à 85 ans, aux destinées du dictionnaire en qualité de directeur éditorial. « Tout est édité comme dans une grande encyclopédie mais avec une vision qui n’est pas encyclopédique », ajoutait-il.
La version papier condamnée ?
Autre avantage de l’édition numérique, le coût. Alors que l’édition papier de six volumes est commercialisée à 400 euros, le coffret numérique est proposé à 149 euros. Pour autant, l'éditeur n’envisage pas pour l’instant de passer au tout-numérique, un choix pour lequel a opté l’Encyclopaedia Universalis l’année dernière. « Nous avons un pouvoir de prescription, les écoliers sont encore sur le papier » expliquait Laurent Catach dans les colonnes du Parisien. Le responsable des éditions numériques ajoutait cependant : « Le jour où le cartable numérique s’imposera dans les salles de classe, le bon vieux dico qu’on feuillette n’aura sans doute plus sa place ». Autant dire que la version papier est certainement condamnée à moyen terme.