Jamais, dans son intervention polémique sur Europe 1, jeudi 31 octobre, Marine Le Pen ne prononce le mot « islam ». Elle est seulement dans l'allusion. Habile pour dire les choses sans les dire, en mobilisant des symboles très précis, comme la barbe, et renvoyer ainsi à l'imaginaire paranoïaque, tel que l’on peut le voir, par exemple, dans la série Homeland, sur le retour d'Afghanistan d'un soldat américain, prisonnier des talibans et converti au terrorisme.
Marine Le Pen concède une « maladresse »
La sortie était pour le moins étonnante, de la part de la responsable du Front national, qui aspire réellement, contrairement à son père, à l'exercice du pouvoir. Devant le flot de réactions indignées, Marine Le Pen a concédé sa « maladresse ». Et c'est bien la première fois qu'elle exprime des regrets. Lorsqu’en 2010, par exemple, elle avait comparé les prières de rue à l'occupation nazie, elle avait alors totalement assumé ses propos, malgré le tollé qu'elle avait provoqué.
Mais cette fois, Marine Le Pen, sur un fil permanent, a heurté le consensus national autour de la libération des otages. Ainsi donc va la stratégie lepéniste : donner des gages de dédiabolisation, sans rompre totalement avec ce qui est le Front national, son histoire, ses mythes et ses fantasmes. C'est ce qu'on appelle un dérapage contrôlé.