Onde de choc
« Ça fait l'effet d'un coup de massue », confiait l'un des représentants syndicaux à RFI jeudi 17 octobre. Dix des 29 magazines de Lagardère Active sont mis en vente et seront fermés s'ils ne trouvent pas preneur. Trois cent cinquante postes au maximum devraient être supprimés selon la direction, près du double selon les syndicats. Les titres cédés sont parmi les moins rentables du groupe :la décoration et le jardin, le magazine Psychologies, le mensuel de cinéma Première - assez mal en point, il a perdu plus de 20% de sa diffusion ces sept dernières années - ou encore Pariscope, le petit guide qui permet aux Franciliens de trouver les horaires de cinéma, les expositions, les sorties. Encore indispensable il y a dix ans, il est devenu complètement caduc avec internet.
La stratégie « d'un manageur plutôt que d'un éditeur »
Ce plan de restructuration poursuit la stratégie engagée il y a deux ans maintenant par Arnaud Lagardère, le patron du groupe. En 2011, le conseil d'administration a mis en cause le management d’Arnaud Lagardère, en insistant sur la faiblesse de la rentabilité du groupe. En réaction, Arnaud Lagardère a lancé la première réorganisation en recentrant son activité sur la France - le groupe a vendu tous ses titres à l'international au groupe Hearst, et aujourd'hui il poursuit son désengagement de la presse magazine, secteur fragile, les ventes ne sont pas bonnes et souffre de la baisse du marché publicitaire.
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Les titres magazines du groupe Lagardère sont hérités de l'époque où le père d'Arnaud Lagardère était aux commandes. Depuis, aucun nouveau titre, aucune nouvelle formule n'ont été proposés contrairement aux grands groupes de presse concurrents comme l'allemand Prisma Presse et l'italien Mondadori.
C'est ce manque de créativité et le virage raté du numérique qui ont incité Arnaud Lagardère à lancer cette réorganisation. « Une décision de financier plus que d'éditeur », selon le sociologue, spécialiste des médias, Jean-Marie Charon. Côté chiffres : en 2012, Lagardère Active a fait 1 014 M€ de chiffre d'affaires, un bon chiffre, mais il ne représente que 14% du chiffre d'affaires global du groupe.
Quel avenir pour la presse chez Lagardère Active ?
La cession des 10 titres concernés devrait s'étaler sur trois à six mois. Les titres non vendus seront fermés. Quant aux autres, à ceux que Lagardère Active conserve, ils seront réorganisés en 5 pôles : féminin haut de gamme autour du magazine Elle, actualité (le JDD ou Paris-Match), grand public (France Dimanche, Ici Paris), divertissement (Public) ou familial (Parents et le site internet Doctissimo, pépite achetée à prix d'or en 2006).
Mais plus généralement, au-delà de Lagardère Active, Arnaud Lagardère a entrepris de changer le visage du groupe : fini l'empire industriel et médiatique que son père a mis une vie à bâtir, les magazines internationaux ont été vendus, comme les parts détenues chez EADS, aujourd'hui Lagardère se recentre sur la distribution et l'édition : Hachette Livre est le numéro 3 mondial avec un pied en Europe, un autre aux Etats-Unis, une dimension internationale indispensable pour atténuer les coups durs.