C'est une décision qui, à première vue, peut surprendre. Ce sont en effet les mêmes juges d'instruction qui avaient décidé de mettre Nicolas Sarkozy en examen le 21 mars dernier. Une procédure très largement critiquée depuis par l'ex-président et son entourage, dénonçant une enquête partiale. Procédure attaquée par l'ancien chef d'Etat, mais une procédure validée il y a deux semaines par la chambre d'instruction de la cour d'appel de Bordeaux.
Pas assez de preuves
Pour autant, ce non-lieu n'est pas nécessairement contradictoire. La mise en examen est le signe que les magistrats avaient des soupçons sur le fait que Nicolas Sarkozy ait pu abuser de la faiblesse de la vieille damepour obtenir un financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007.
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Le fait qu'ils abandonnent finalement les poursuites signifie qu'ils n'ont pas de preuves suffisantes. Les seuls éléments avérés pour l'instant - à charge pour l'ancien président - sont une déclaration de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt et une note dans un carnetde François-Marie Banier, ami de la milliardaire. Pas de preuves donc, mais des soupçons probablement pas totalement écartés, car le trésorier de cette campagne présidentielle, Eric Woerth, est lui renvoyé en correctionnelle tout comme dix autres mis en examen, notamment François-Marie Banier, l'ami artiste des Bettencourt et Patrice de Maistre, l'ex-gestionnaire de fortune des Bettencourt.
Un vrai soulagement pour Nicolas Sarkozy
Avec ce non-lieu, l’horizon se dégage pour l’ancien président de la République. Un procès aurait pu compromettre son retour sur le devant de la scène. Etre jugé pour abus de faiblesse, voilà qui aurait à coup sûr écorné son image. De procès, il n’y en aura donc pas.
Nicolas Sarkozy va pouvoir reprendre la main sur le calendrier de son retour, car il ne fait plus de doute que l’ancien président ambitionne de revenir en politique. A chacune de ses sorties médiatiques, que ce soit en juillet lors de sa venue à l’UMP,en septembre au Petit-Bornand ou plus récemment à Nice, il a fait à chaque fois un pas supplémentaire vers son « come-back », cachant de moins en moins son intention de se porter candidat pour la présidentielle de 2017.
Ce retour pourrait avoir lieu après les Européennes de 2014 ou un peu plus tard en 2015. Un élément qui pourrait le convaincre un peu plus de réintégrer le jeu politique, c'est sa popularité. L'homme est toujours largement plébiscité par son camp où l’on ne cache pas sa satisfaction à l’annonce du non-lieu.
Les sympathisants UMP sont 62% à espérer que Nicolas Sarkozy se portera candidat à la prochaine présidentielle. Son retour pourrait donc intervenir dans les prochains mois à condition que les autres affaires judiciaires dans lesquelles il est cité ne viennent pas le gêner, car son nom apparaît dans quatre autres dossiers : les sondages de l’Elysée, Karachi, l’arbitrage en faveur de Bernard Tapie et l’affaire Kadhafi.