L’art peut changer une vie. Est-ce que la Nuit blanche peut changer une ville ?
Oui, absolument. La Nuit blanche, ce sont douze heures de marche dans la ville, mais surtout, ces œuvres sont des apparitions. Quand vous allez dans un musée, l’œuvre est toujours là. L’art contemporain porte avec lui l’idée de l’éphémère, de l’apparition, d’être là où l’on ne pense pas qu’il existe. Donc, c’est un autre type d’expression que la peinture ancienne. Je crois profondément que l’art contemporain change la vie. La production artistique est très importante dans l’espace public.
Quel sera l’accent donné à ce rêve nocturne ?
Ce sont plusieurs points et il faut absolument essayer de les vivre tous : il y a les berges de la Seine avec le feu d’artifice, ces sculptures explosives de Cai Guo-Qiang. C’est un feu d’artifice très long. Cela commence à minuit et demi, la première partie dure douze minutes, après on aura la présence de bateaux-mouches avec encore d’autres explosifs et cela se terminera quelques minutes après. Pour la première fois depuis des siècles, Paris aura un feu d’artifice sur la Seine. Très chorégraphié, très oriental, Aventure d’un soir représentera la rencontre de deux personnes romantiques à Paris.
Vous présentez une brochette d’artistes considérable, beaucoup d’œuvres inédites. La Nuit blanche a-t-elle vocation de devenir une sorte de « Biennale » d’une nuit ?
Non, la Nuit blanche restera la Nuit blanche. C’est elle qui avait ouvert la route à d’autres villes dans le monde entier. Beaucoup de villes sont enchantées d’intégrer ce concept. Après ce premier cycle de douze ans, il faut qu’elle résiste encore et encore.
Vous promettez « une édition mouvante et métissée » ?
L’art contemporain traversera tous les quartiers et il n’y pas de frontière entre le centre et la périphérie. C’est un vrai mélange de publics et de situations.
Vous êtes connue pour des choix audacieux. Citez-nous un exemple de projet complètement fou !
Tous les projets sont fous, parce qu’il y a une forme d’excitation, ce sont des visions de chaque artiste. Un des projets mythiques qui a été représenté seulement quatre fois dans le monde entier, c’est le concert pour hélicoptères de Karlheinz Stockhausen où des violonistes joueront dans des hélicoptères qui survoleront Paris.
Le projet de Martin Creed de faire retentir simultanément l’ensemble des cloches situées sur le parcours de la Nuit blanche donne l’impression d’un déjà-vu. En janvier, lors du lancement de la Capitale européenne de la Culture, le projet artistique de la Grande Clameur avait fait sonner toute la ville de Marseille. Qui a la paternité de ce projet ?
On a eu l’idée d’inviter le très célèbre artiste international britannique Martin Creed. Il y a quelques années, il avait fait sonner toutes les cloches de Londres. Quand nous lui avons proposé d’intervenir dans la Nuit blanche, il avait très envie de réaliser ce projet collectif aussi à Paris. De faire sonner toutes les églises de Paris est une idée monumentale.
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Retrouvez ici le programme de la 12e Nuit blanche à Paris.