Huit jours seulement après l'accident du 12 juillet 2013, le procureur d'Evry s'attirait déjà les foudres de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs, qui représente pour l'instant les intérêts des survivants de la catastrophe de Brétigny-sur-Orge. Très vite, l'organisation a dénoncé par la voix de son avocat de nombreux manquements risquant de nuire à l'enquête, pointant directement l'amateurisme du parquet.
Alors que tout le pays était en émoi, le procureur d'Evry est resté en vacances. Une semaine après les faits, il n'avait toujours pas désigné de juges d'instruction ni d'experts judiciaires indépendants. Or, plus une enquête commence tôt après l'accident, plus les indices sont faciles à détecter. Ce sont donc des experts mandatés par la SCNF et par le ministère des Transports, parties prenantes dans l'affaire, qui ont eu les premiers accès au site.
Une fois les juges nommés, le procureur a traité ces derniers avec beaucoup de mépris. Il leur a par exemple refusé tous les réquisitoires supplétifs qu'ils demandaient pour en délivrer d'autres, et la guerre sourde qu'ils se livrent depuis lors n'est toujours pas éteinte.
Plusieurs cafouillages troublants
Parmi les autres anomalies, il y a également l'histoire de cette bâche déployée sur les lieux après l'accident. Selon les juges, l'aiguillage placé sous scellé n'est nullement sécurisé et accessible à de nombreuses personnes: les clôtures d'accès sont facilement franchissables.
Ensuite, la numérotation faite par la SNCF des wagons accidentés ne correspond pas à la numérotation des scellés. Un cafouillage qui complique un peu plus l'enquête.
Dernier exemple, un cadre de la SNCF remet aux juges un disque de frein retrouvé dans le bureau d'un cheminot et qui pourrait provenir du fameux train. Or, aucune pièce ne devait quitter les lieux du drame.