L'intersyndicale a dès le mois de juin lancé l'initiative d'une grande journée nationale d'action avec grèves et manifestations, avant même le début de la concertation sur les retraites. Il était important pour les syndicats de mobiliser les militants avant les vacances d’été. Thierry Lepaon, le nouveau patron de la CGT n'a pas ménagé sa peine, en une semaine il a parcouru la France et bouclé cinq meetings. « Ces rendez-vous nationaux nous permettent de voir l’état de mobilisation de nos adhérents. Il est excellent, ils sont prêts à défiler ce 10 septembre ».
Un marathon qui a débuté par la ville de Nantes, un choix qui ne tient pas du hasard car Jean-Marc Ayrault en a été le maire. Et c’est bien le Premier ministre que le patron de la CGT a épinglé le 5 septembre lors de son meeting en Ile de France. Pour Thierry Lepaon, Jean Marc Ayrault est atteint de surdité : « Le cas, je dois dire, est étrange... En général, les deux oreilles sont atteintes, même si c’est inégalement. Dans le cas de Jean-Marc Ayrault, seule une oreille est atteinte, la gauche. L’autre semble très bien fonctionner, il entend parfaitement les injonctions du patronat, emmené par son tout nouveau président, Pierre Gattaz ».
Une réforme qui divise les syndicats
L'intersyndicale craignait que la seule revendication des retraites soit insuffisante pour mobiliser, car les mentalités ont évolué sur ce dossier et aujourd'hui de plus en plus de Français admettent la nécessité de réformer les retraites pour préserver le système par répartition. C'est pourquoi l’intersyndicale a décidé d’élargir le mot d'ordre à l'emploi, aux salaires et aux conditions de travail. Le succès des 180 manifestations prévues sur le territoire ce mardi déterminera du poids dont elle disposera pour peser sur la réforme des retraites.
La réforme,qui doit être présentée au Conseil des ministres le 18 septembre puis ensuite aux parlementaires à partir du 7 octobre, divise les syndicats. La mesure la plus contestée est celle de l'allongement de la durée des cotisations. Pour partir avec une retraite à taux plein, une personne née en 1973 devra cotiser 43 ans. Des syndicats dits réformistes, comme la CFDT ont accepté ce changement, alors que des syndicats plus contestataires comme la CGT et FO l'ont rejeté en bloc. Envolée donc la belle unité syndicale de 2010 quand, tous unis, ils défilaient contre la réforme des retraites voulue par Nicolas Sarkozy. Laurent Berger le nouveau patron de la CFDT s'en explique : « Nous avons obtenu des résultats dans la concertation sur les retraites, nous allons continuer de le faire dans le débat parlementaire, ça ne justifie pas, pour nous, d’aller manifester le 10 septembre ».
Pourtant le gouvernement a veillé à ne pas attiser la colère des salariés, puisque son projet de réforme ne touche pas à l'âge légal du départ à la retraite. Insuffisant pour l’intersyndicale qui estime que l'allongement des cotisations est une loi « anti-jeunes », selon eux elle pénalisera les jeunes actifs. Plusieurs organisations de la jeunesse ont décidé de rejoindre le mouvement. Comme l’Unef, l’Union nationale des étudiants de France dont Emmanuel Zemmour est le président : « Cette réforme cible notre génération. Elle nous explique à nous qui avons moins de 40 ans qu’il va falloir travailler plus longtemps, alors que nous sommes la génération qui s’insère déjà le plus tard sur le marché du travail et avec le plus de difficultés. Il y a une réelle injustice. Il faut maintenant que le gouvernement prenne les jeunes au sérieux. Plus on sera nombreux ce mardi dans la rue, plus on aura des chances d’être entendu ». L’arrivée des jeunes dans le mouvement est une bonne nouvelle pour l'intersyndicale qui voit ainsi grossir les rangs des mécontents. La mobilisation risque toutefois de ne pas égaler celle de 2010. Des perturbations limitées sont attendues ce mardi 10 septembre dans les transports.