Syrie: les députés français divisés sur la question des frappes

En France, le débat parlementaire sur la Syrie était très attendu. Il n'y avait pourtant pas vraiment d'enjeu, puisqu'aucun vote n'était prévu. Au final, à la tribune, les orateurs ont fait part de leurs divisions profondes au sujet d'une possible intervention française en Syrie, sans l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies.

Avec notre envoyés au palais Bourbon

Al-Jazeera, al-Arabiya, une trentaine de médias étrangers au total - et en particulier arabes - avait fait le déplacement pour suivre ce débat qui s'annonçait animé. La discussion n'a pas fait bouger les lignes. Chacun a campé sur ses positions.

À l'issue de plus de deux heures de débat sur la Syrie, en fin de séance, Jean-Marc Ayrault en a fait le constat, en énumérant les points de désaccord après avoir affirmé qu'il était de la responsabilité de la France d'agir, avec ou sans l'aval de l'ONU.

« Bien sûr, une autorisation explicite du Conseil de sécurité serait souhaitable, reconnaît M. Ayrault. Mais mesdames et messieurs les députés, regardons la réalité en face : la Russie et la Chine ont bloqué toute réponse à la tragédie syrienne, y compris en opposant à trois reprises leur veto. »

Car c'est bien désormais le point sensible du débat sur l'intervention militaire en Syrie : la France peut-elle agir sans mandat onusien ? Les écologistes, qui sont dans la majorité, y sont favorables. L'opposition, elle, s'y oppose fermement et réclame avant tout une initiative diplomatique forte.

Pour le centriste Jean-Louis Borloo, par exemple, « face à la violation probable du droit international, et sur l'utilisation des armes chimiques, s'impose aussi le droit international des interventions militaires pour maintenir la paix. Monsieur le Premier ministre, l'époque des expéditions punitives de quelques puissances relèvent d'une période révolue. »

Jean-Louis Borloo, mais aussi l'UMP Christian Jacob, ont insisté sur le nécessaire respect du droit international, accusant François Hollande de vouloir s'en exonérer, et donc de prendre une lourde responsabilité. Celle de détériorer l'image de la France.

L'opposition, les écologistes et plusieurs députés socialistes se rejoignent tout de même sur un point : la nécessité d'un vote du Parlement si l'exécutif envisageait une intervention sans mandat onusien. Une hypothèse à laquelle réfléchit sérieusement l'Elysée.


Dans les couloirs du palais Bourbon, les députés font bloc avec leur camp

• Edouard Ryan-Cypel, député de Seine-et-Marne, PS :

« Le groupe est unanime pour dire qu'il faut l'action, qu'il faut une réponse forte et dissuasive. Nous avons la responsabilité historique de réagir et d'organiser une coalition en ce sens pour ne pas permettre que la situation se reproduise en Syrie ou ailleurs. »

• Georges Fenech, député du Rhône, UMP :

« La France ne peut pas jouer les "va-t-en-guerre" au nom de la morale ou de la justice. On est tous extrêmement choqués par ce qu'il s'est passé contre le peuple syurien, mais la France doit se soumettre à la légalité internationale. Cela passe par le Conseil de sécurité, cela passe par l'Organisation des Nations unies. »

Partager :