François Hollande et Joachim Gauck main dans la main à Oradour-sur-Glane

Le président de la République française et son homologue allemand étaient en pèlerinage ensemble ce mercredi 4 septembre à Oradour-sur-Glane, dans le centre de la France, sur les lieux du crime perpétré par l’armée nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. En hommage aux victimes, François Hollande et Joachim Gauck se sont pris la main, accompagnés d’un des trois derniers survivants du massacre. Mais dans les têtes, le sujet du jour était bien la Syrie.

642 personnes, dont 205 enfants, massacrés par une colonne SS de la division Das Reich faisant route vers la Normandie pour faire face au débarquement des troupes alliées.

Ce drame s’est passé le 10 juin 1944 à Oradour, et 69 ans plus tard, l’évoquer est un moyen pour le président français d’appeler à « refuser l'inacceptable partout où il se produit ». Une référence à la Syrie où François Hollande tente d’engager l’armée française dans une coalition, en réponse au massacre à l’arme chimique survenu le 21 août dernier près de Damas.

Dans l'église en ruine d’Oradour, avec le président de la République fédérale d’Allemagne, mais aussi Robert Hebras, 88 ans, l’un des trois survivants toujours en vie dans le village, François Hollande s’est recueilli. Tous trois se sont montrés main dans la main, comme Helmut Kohl et François Mitterrand, en 1984, près de Verdun. C’est dans cette église d'Oradour que femmes et enfants avaient été rassemblés puis brûlés, les hommes étant pour leur part fusillés à la mitrailleuse.

Surtout, ce mercredi, le chef de l’Etat français a parlé, au moment même où les parlementaires français se penchaient sur le dossier syrien à l’Assemblée nationale, à Paris : « Notre présence est bien plus qu'un symbole (...) elle est l'affirmation d'une promesse, explique François Hollande. Promesse d'honorer partout et toujours les principes qui sont bafoués par les bourreaux d'hier, mais aussi d'aujourd'hui (...) Promesse de défendre les droits de l'homme chaque fois qu'ils sont violés, près de chez nous ou loin d'ici. Promesse de refuser l'inacceptable partout où il se produit. »

Et le président français de rendre hommage à son homologue allemand Joachim Gauck : « Vous être la dignité de l'Allemagne d'aujourd'hui, capable de regarder en face la barbarie nazie d'hier. »

L’amitié franco-allemande, estime M. Hollande, « elle nous dépasse, elle nous oblige, elle fonde le projet européen ». Salutations rendues par M. Gauck : « Nous n'oublierons jamais Oradour et les autres lieux de la barbarie. » Le président allemand assure « partager l'amertume sur le fait que des criminels n'ont pas été traduits en justice, que les crimes les plus graves restent impunis », rappelant qu'une enquête reste ouverte à Dortmund.

« Si en France, il y a quelqu'un qui imaginait que l'Allemagne veut dominer l'Europe, il se trompe. Non, cette Allemagne souhaite être une Allemagne européenne, cette Allemagne ne souhaite pas une Europe allemande », a précisé M. Gauck, que le titre honorifique de président n'empêche pas de jouir d'une forte aura. Un moyen d'insister sur les changements profonds qui ont traversé son pays ces dernières décennies, alors que la crise économique ébranle les repères au sein d'une Union européenne divisée.

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