Rentrée politique mouvementée au Front de gauche

Le Front de gauche va-t-il se déchirer ? En tout cas la rentrée politique du rassemblement, ce week-end, s'est déroulée dans une ambiance polaire entre les leaders des deux principales formations, le Parti de gauche et le Parti communiste français. Les relations entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon n'ont jamais été excellentes, mais là les deux hommes ne se sont même pas parlé pendant les deux jours.

Le symbole de cette guerre froide entre Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, c'est une voiture rouge. Celle de Jean-Luc Mélenchon, garée systématiquement devant chaque salle où le leader du Parti de gauche participait à un débat. Jean-Luc Mélenchon allait s'y enfermer en courant à chacune de ses sorties.

Bien pratique pour éviter de croiser Pierre Laurent et d'avoir à répondre aux questions des journalistes. Et tant pis pour les militants déçus de ne pas pouvoir approcher leur ex-candidat à la présidentielle de tout le week-end.

Jean-Luc Mélenchon et ses « invectives »

A l’origine, il y a une interview de Pierre Laurent la semaine dernière. Le désaccord n’est pas nouveau : pour les communistes, Jean-Luc Mélenchon en fait souvent trop dans ses attaques contre les socialistes. Mais cette fois, Pierre Laurent a haussé le ton : le responsable du PC a parlé « d'invectives ». Et Jean-Luc Mélenchon qui aime à rappeler qu’il sait parler « cru et dru » n'y est pas allé par quatre chemins dans sa réponse.

Il a comparé Pierre Laurent à un tireur dans le dos. « Il fallait marquer le coup », disaient ses proches ce week-end. « En plus, ce qu'a fait Pierre Laurent c'est une faute politique, alors qu'on faisait une bonne rentrée, tous unis contre Manuel Valls ».

Cette brouille peut-elle s'arranger ? Ce qui est sûr, c'est que cela va prendre du temps. D’un côté, le leader du PC a joué l'apaisement, parlant de maladresse dans son discours de clôture, mais de l’autre, Jean-Luc Mélenchon a persisté et signé dans sa stratégie. L’ex-candidat à la présidentielle a dit souhaiter « que Marine Le Pen ne soit pas contaminée par Manuel Valls », une nouvelle sortie tonitruante qui lui a valu une condamnation unanime au PS.

Les municipales en ligne de mire

Finalement, Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon ont donc fait le service minimum : ils se sont serré la main juste à la fin du week-end face aux militants, une poignée de mains glaciale. Mais les ponts ne sont pas coupés, jure-t-on la main sur le coeur dans les entourages des deux hommes. En tout cas, les désaccords demeurent.

Le vrai problème de cette rentrée pour le Front de gauche reste la stratégie pour les municipales. Le Parti de gauche veut des listes autonomes, ce sera le cas dans toutes les villes de plus de 10 000 habitants, a dit Jean-Luc Mélenchon dimanche.

Au PCF, on veut voir au cas par cas, donc parfois s'allier au PS. « Notre enjeu, a dit Pierre Laurent ce week-end, c’est de savoir s'il y aura des majorités de gauche ou des majorités de droite dans les mairies ». Voilà qui reflète aussi l'état des deux partis. Les communistes veulent garder leurs conseillers municipaux, ce qui passe souvent par une alliance avec les socialistes. Mais pour le Parti de gauche, la question est bien moins importante, car ils n'ont pas d'élus.

Une ville va résumer toutes les tensions entre les deux partis : c'est à Evry, en banlieue parisienne, dont Manuel Valls a été maire de 2001 à 2012. Pour cette élection, les communistes locaux sont tentés de repartir avec les socialistes. Énervement chez les mélenchonistes : « C'est très incohérent alors qu'on explique qu'on a des désaccords avec Manuel Valls ». La question sera tranchée à l'automne. D’ici là, au Front de gauche, on espère refaire l’unité sur la question des retraites, côte à côte, dans les manifestations contre la réforme Ayrault.

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