C’est la rentrée des écologistes à Marseille. Des journées d’été qui s’ouvrent ce jeudi 22 août dans un parti dont la base juge le bilan d’un an de gouvernement insuffisant. Ce sera au menu des discussions pendant ces trois jours d'université d’été du parti. Des journées également agitées par les dernières déclarations de Manuel Valls, opposé à la réforme pénale portée par la ministre de la Justice, Christiane Taubira, ainsi qu'au regroupement familial.
Tous contre Valls !
Quoi de mieux pour ressouder les rangs de militants déçus par la participation au gouvernement que de se trouver un ennemi commun. Tous les dirigeants d’Europe Ecologie le savent : ils sont en accord avec leurs militants quand ils condamnent les déclarations du ministre de l’Intérieur y compris sa collègue du gouvernement la ministre du Logement Cécile Duflot qui déclarait hier matin sur France Inter : « Je ne crois pas qu’aujourd’hui la solution de notre pays, ce soit d’avoir de nouveaux débats sur ces questions-là. Ce que faisait Nicolas Sarkozy pour une raison très simple : il n’arrivait à apporter aucune solution à la crise économique, donc il fabriquait des polémiques artificielles et je pense que c’est une très mauvaise chose ».
Un tacle à Manuel Valls bien loin d'être un couac. François Hollande n’est sans doute pas mécontent : les écologistes lui servent un argument sur un plateau pour doucher les ambitions de plus en plus transparentes du locataire de la place Beauvau. Manuel Valls se verrait bien à Matignon ? En ce cas les écologistes refuseraient de faire partie de son équipe ! D’ailleurs, entre l’Intérieur et la Justice, les Verts ont fait leur choix. Le symbole : l’annonce surprise hier en fin de journée de la venue de la garde des Sceaux. Christiane Taubira vient aujourd’hui rendre visite aux écologistes.
Les municipales en ligne de mire
En tout cas, cette belle entente tactique entre l’Elysée et les dirigeants d’Europe Ecologie, beaucoup, au PS rêveraient de la voir se prolonger aux municipales. En cette rentrée chez les socialistes, on multiplie les appels à l'union rose-verte, comme Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale le week-end dernier : « La division est un poison, et si on l’installe à chaque élection il sera là. Je sais que personne ne souhaite donner un gain à une droite qui n’est ni en état de gouverner, ni de représenter dignement la France. Je sais que chacun mesure le risque d’une percée du Front national ».
Le FN en épouvantail, c’est un argument insuffisant pour beaucoup à Europe Ecologie. Car ils sont nombreux les militants, tout comme le patron des sénateurs écologistes à juger le bilan gouvernemental bien maigre. « Il y a eu, déclare Jean-Vincent Placé, de nombreuses occasions ratées, pas seulement pour l’absence de politiques écologistes, mais aussi sur la nécessité d’une politique plus sociale et plus préoccupée par la vie quotidienne des Françaises et des Français. Dans le mouvement certains ont dit : "ah, mais on critique trop". Je crois quand même qu’il est vraiment temps de parler d’une seule voix pour peser réellement sur les choix gouvernementaux et pas seulement être dans l’accompagnement ».
Plus de fermeté et un peu de patience
En tout cas en cette rentrée les écologistes n’hésitent plus. Depuis l’éviction de Delphine Batho qui avait jugé le budget du ministère de l’Ecologie insuffisant, ils demandent des gages. Et ils sont en voie de les obtenir ; c’est ce qu’assurent les ministres. Ils en ont pour preuve une tribune signée ce dimanche avec deux socialistes du gouvernement, dont le très proche de François Hollande, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Explications de Pascal Canfin, ministre du Développement : « C’est une tribune qui a vocation à mettre la transition énergétique, l’invention d’un nouveau modèle de développement au cœur de l’action du gouvernement dans l’an II du quinquennat. Dans les discours l’écologie est redevenue une vraie préoccupation ».
Et pour les actes, il suffit d’être encore un peu patient. Les ministres vont le marteler à la base du parti : le 20 septembre, il y a une conférence environnementale ; et peut-être la naissance d une fiscalité écologique. De quoi, l’espèrent-ils, rassurer les militants.