France: une vidéo mettant en cause la police fait polémique

Une intervention policière filmée dimanche 18 août avec un téléphone portable près de Tours et mise en ligne sur YouTube suscite la polémique en France avec des avis très tranchés. Certains mettent en exergue la violence de cette interpellation au cours de laquelle une femme a été matraquée. D’autres estiment qu’il faut tenir compte du contexte et ne pas s’acharner sur la police. Les jeunes du quartier sont en tous les cas très remontés et réclament la mutation du policier.

Avec plus d’un million de visionnages sur le site de partage YouTube, la vidéo intitulée « Honte à la police française » a créé l’événement et suscite une polémique en France en cette fin du mois d’août. Tournée dimanche matin 18 août au moyen d’un téléphone portable par un jeune habitant du quartier de la Rabière à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), elle montre une interpellation musclée effectuée par deux policiers et en particulier des coups de matraque assénés par l’un d’entre eux à une femme à terre, laquelle sera par la suite aspergée de gaz lacrymogène par le même policier.

Violence et vulgarité

La vidéo, qui dure au total huit minutes, débute alors que l’interpellation est déjà en cours et que les policiers attendent des renforts. Au milieu d’une mêlée assez confuse, on voit deux officiers de police tenter de maîtriser un homme à terre - un conducteur en état d’ivresse révèlera le procès verbal - ainsi qu’une femme en robe rouge qui se débat vigoureusement. Un autre homme en chemise orange et une autre femme en robe rouge assistent aussi à la scène sans toutefois participer directement à la mêlée, même si la deuxième femme finira par être aspergée à son tour de gaz lacrymogène.

Depuis la mise en ligne de la vidéo, les avis fusent de toutes parts ; les uns pour fustiger l’attitude des policiers en insistant sur leur violence et leur vulgarité ; les autres pour prendre leur défense et mettre en avant le contexte. Du côté des critiques, on trouve notamment le Conseil représentatif des associations noires (Cran) qui « s'insurge contre ces agressions de la part des policiers dont la fonction première est d'assurer la sécurité » et dénonce une « police aux pratiques coloniales », le conducteur et les deux femmes étant des Noirs.

Une enquête préliminaire sur l’attitude des policiers a été confiée à l’IGPN (l’Inspection générale de la police nationale) et le ministre de l’Intérieur Manuel Valls s’est lui-même exprimé sur le sujet dès lundi soir pour demander que « toute la transparence » soit faite. Le visionnage de la vidéo n’est certes pas très flatteur pour le policier incriminé qui, en plus de frapper une femme à terre, la tutoie et l’insulte à plusieurs reprises.

Intention de nuire

« La vidéo peut être choquante quand on ne connaît pas le contexte », rétorque une représentante de Synergie Officiers, deuxième syndicat d’officiers de la police nationale, citée par l'Agence France-Presse. « Il y avait sept personnes à bord, très alcoolisées, y compris le conducteur qui conduisait sans permis », précise-t-elle, avant d'indiquer que le policier avait été « mordu au sang à trois reprises, à l’omoplate, à la poitrine et à l’épaule » par la femme à la robe rouge.

Le conducteur, qui faisait l’objet d’une « fiche de recherche » pour purger une peine révèle le quotidien La Nouvelle République, a été incarcéré à la maison d’arrêt de Tours. Quant à la femme matraquée et gazée - qui n’a pas porté plainte contre le policier - elle devra répondre en octobre de rébellion et d’outrage devant le tribunal correctionnel. Cet épisode relance le débat sur le phénomène de plus en plus fréquent des vidéos amateurs mettant en cause les représentants des forces de l’ordre. « Ces films sont souvent montés de façon partielle, hors contexte d’intervention et avec la volonté de nuire à la police », estime un policier dans les colonnes du Parisien de mercredi 21 août.

Une deuxième vidéo

Une deuxième vidéo publiée par le site internet Médiapart remet en cause les explications données par la police nationale. Elle dévoile en fait les quelques minutes qui prècedent. On y voit le conducteur en infraction, déjà à terre, et les policiers qui tentent de le menotter. C'est cet homme qui mord l'agent en premier. Une femme s'interpose. Le policier se relève, très nerveux, et s'en prend à elle à plusieurs reprises. Les syndicats de police font bloc derrière lui

De leur côté, les jeunes du quartier sont très remontés. Une trentaine d'entre eux se sont rassemblés pacifiquement mercredi 21 aout devant l'hôtel de ville de Joué-lès-Tours pour interpeller le maire, en tant que premier magistrat de la ville. Ils dénoncent, depuis l'arrivée du policier il y a 2 ans, des provocations et des contrôles injustifiés et demandent sa mutation.
 

 

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