A peine partis et déjà rentrés ! Et encore, nombreux sont les ministres à avoir arpenté la France, caméras et micros dans leur sillage, durant les deux semaines de congés officiels du gouvernement. Il y a dix jours, le chef de l’Etat a livré une confidence : « cet été pas de coupure, juste un répit. Car pour cette rentrée, il y a un climat à préparer ». François Hollande a minutieusement scénarisé le film de cette rentrée. Les Français, disent les sondeurs, se demandent depuis des mois où le chef de l’Etat veut les emmener en 2025, puisque le thème de ce séminaire gouvernemental est «la France en 2025». «Bien sûr qu’il y a des difficultés, a déclaré François Hollande. Il y a ce problème du chômage issu de la crise de ces dernières années. Mais nous ne devons pas simplement regarder des mesures de court terme, le gouvernement les a mises en place. Il y a ce que nous devons préparer dans le temps. La France de demain, la France qui sera celle dans dix ans, celle que nous avons à construire ensemble. Elle repose sur l’innovation, la compétitivité, l’investissement, la technologie» .
« Même pas peur »
Indiquer la direction oui, mais François Hollande le sait : un bon scénario c’est aussi une entame soignée jusqu’aux moindres détails. Alors pour les retraites, ce sujet à hauts risques, le président a décidé de frapper d’un seul coup. Age de départ, hausse des cotisations, pénibilité, tout sera entièrement mis sur la table à la fin du mois.
Pour Jean-Daniel Lévy directeur du département opinion de l’Institut Harris Interactive : « c’est toujours plus simple lorsque l’exécutif a la maîtrise du calendrier et de l’agenda. Et on peut remarquer que ce texte va être présenté quelques jours avant la manifestation à laquelle appellent les syndicats. Nous ne sommes pas face à un exécutif qui donne le sentiment qu’il a peur ou qu’il craint les mouvements de rue, mais qui s’affirme lui-même par rapport aux enjeux qu’il juge essentiels pour le pays et des réponses qui apparaissent également comme essentielles ».
François Hollande n’a donc « même pas peur ». Ni des mouvements sociaux, ni de ceux dans sa majorité qui ruent dans les brancards. Comme le président de l’Assemblée nationale par exemple. L’année dernière François Hollande voulait dialoguer avec l’Allemagne sur la politique économique. Claude Bartolone lui, réclamait une confrontation. Le président de l’Assemblée nationale qui, en cette rentrée, n’hésite pas à donner au président quelques conseils en forme d'avertissement : « Il faudra aussi user d’une extrême prudence. Réforme des retraites, loi de financement de la sécurité sociale, budget… Ce serait une faute de passer lors de ses trois rendez-vous la triple lame cotisations, taxes, impôts. Il nous faudra réformer. Oui, des efforts sont nécessaires. Mais sans étouffer cette petite lumière des 0,5% qui scintille dans la nuit de la crise ». Avec cette petite lumière des 0,5%, cette croissance du 2ème trimestre en forme de bonne surprise pour la majorité, à l’aile gauche du PS on en profite pour demander moins de rigueur au gouvernement.
Les écologistes veulent des gages
Le débat sur le budget de cet automne promet d’être animé. Et sur ce budget, les écologistes veulent aussi se faire entendre. Le PS leur fait les yeux doux pour des listes d'union aux municipales de mars ? Eux veulent des gages. D'autant qu’ils s’agacent de plus en plus de voir le ministre du Redressement productif leur donner des leçons : « pour moi la France écologique ce n’est pas une France sans usines, sans voitures, sans TGV. C’est une France qui se réindustrialise, qui ne dénigre pas l’appareil productif, et qui au contraire le soutient dans ses innovations ses investissements et sa mutation. On oppose souvent l’écologie et l’industrie. Mais l’industrie n’est pas un problème pour l’écologie. Elle est la solution » a déclaré Arnaud Montebourg.
Arnaud Montebourg n’est pas le seul membre du gouvernement à être remuant. Il y a aussi le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, désormais publiquement et frontalement opposé à la Garde des sceaux Christiane Taubira. Cette année, il va sans doute falloir à François Hollande user plus que jamais de son talent et de son goût pour l’art de la synthèse.