France: Jérôme Cahuzac une nouvelle fois entendu par la commission parlementaire

Jérôme Cahuzac à nouveau entendu ce mardi 23 juillet par la commission d’enquête parlementaire. L’ancien ministre du Budget avait déjà été auditionné le 26 juin dernier. Les députés souhaitent le réinterroger sur quatre points bien précis, et notamment sur cette réunion du 16 janvier à l’Elysée. Une réunion au cours de laquelle François Hollande avait évoqué l’affaire Cahuzac avec plusieurs membres du gouvernement.

Qui est à l’origine de cette réunion ? Que s’est-il dit ce matin-là, à l’issue du Conseil des ministres, dans une des pièces attenantes au salon Murat ? C’est ce que veulent savoir les membres de la commission d’enquête.

Ce 16 janvier au matin, François Hollande s’entretient avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, de cette affaire Cahuzac qui depuis plus d’un mois défraie la chronique.

Procédure d’entraide administrative

Pierre Moscovici annonce aux deux têtes de l’exécutif qu’il va utiliser la procédure d’entraide administrative avec les autorités helvétiques, procédure qui doit permettre de vérifier si oui ou non le ministre du Budget détient un compte en Suisse. Problème de taille, Jérôme Cahuzac en personne participe à cette réunion.

Charles de Courson,  le président de la commission d’enquête n’en revient pas. Il juge cette présence « incroyable ». Selon Pierre Moscovici, le ministre du Budget apparaît ce jour-là serein. Il aurait même demandé à ce que « la demande puisse couvrir la période la plus large possible ».

La théorie de la muraille de Chine

La tenue de cette réunion pose un souci de taille à l’exécutif. Elle remet en cause la théorie de la muraille de Chine, théorie selon laquelle, l’ancien ministre du Budget aurait été tenu, dès le 10 décembre, à l’écart des investigations déployées par Bercy. Le 26 juin dernier, lors de sa première audition, Jérôme Cahuzac affirmait n’avoir jamais été informé de cette procédure d’entraide. Si les députés veulent l’auditionner à nouveau, c’est qu’ils le soupçonnent d’avoir une nouvelle fois menti dans cette affaire

Tensions au sein de la commission

L'audition de Jérôme Cahuzac débute ce mardi après-midi à 17h15, heure de Paris et cette nouvelle audition de Jérôme Cahuzac pourrait, une nouvelle fois, attiser les tensions entre les différents membres de la commission. Deux visions s’affrontent au sein de cette commission, les députés de la majorité et ceux de l’opposition ne sont pas d’accord sur un point central : le rôle joué par François Hollande dans cette affaire. Pour l’opposition, il est clair que le chef de l’Etat a des choses à se reprocher. « Nous avons les preuves que le président a été parfaitement informé entre le 4 et le 18 décembre », a expliqué Charles de Courson, le président UDI de cette commission d’enquête et ce dernier de préciser que selon lui le chef de l’Etat disposait dès cette époque-là d’informations lui permettant de se rendre compte que des preuves graves existaient contre Jérôme Cahuzac. Une analyse loin d'être partagée par les députés de la majorité, bien au contraire pour eux, rien ne permettait au président de savoir à ce moment-là que Jérôme Cahuzac détenait un compte en Suisse. La majorité fait donc bloc derrière François Hollande s'en prenant à plusieurs reprises à Charles de Courson.

Nouvelle audition du juge Bruguière

Mercredi, la commission d'enquête auditionnera deux détectives privés ainsi que Jean-Louis Bruguière, l'ancien juge antiterroriste pour la seconde fois. Les députés le soupçonnent, lui aussi, de ne pas dire toute la vérité. En 2007, il s'était présenté aux législatives dans le Lot-et-Garonne face à Jérôme Cahuzac et cet ancien candidat UMP a eu l'enregistrement sonore à l'origine de l'affaire entre les mains. Un enregistrement dans lequel on entend la voix de Jérôme Cahuzac. Est-ce lui qui a remis cette bande à Médiapart ? C'est qu'avance une autre personne auditionnée dans ce dossier. Jean-Louis Bruguière lui s'en défend, mais la commission d'enquête veut tirer les choses au clair. Elle veut savoir qui était la source de Médiapart, le site d'informations qui a révélé l'affaire le 4 décembre.

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