Le ministre de l’Economie a disposé devant lui une dizaine de fiches cartonnées. Pierre Moscovici a préparé des dates, des chiffres, des arguments... tendus vers un objectif : convaincre qu’il n’a jamais cherché à sauver le soldat Cahuzac, le ministre du Budget qui a démissionné après avoir reconnu tardivement avoir détenu un compte en Suisse.
« Personne n’a trouvé le moindre embryon de preuve ou même d’indice que je savais quoi que ce soit de ce compte non déclaré en Suisse. Toutes les informations que j’avais à ma disposition plaidaient au contraire en faveur de mon approche. Cette approche, je l’ai appelée " le doute méthodique ". Ce doute méthodique à tout moment a été ma boussole », a déclaré Pierre Moscovici.
Il y a eu une « muraille de Chine » entre les deux ministres et ce dès le déclenchement de l’affaire, insiste le locataire de Bercy. Derrière son micro, le président de la commission, Charles de Courson, fait la moue. En plus de deux heures trente d’audition, nombreuses sont ses passes d’armes avec Pierre Moscovici :
- « Oui, mais vous connaissez quand même les mécanismes de dissimulation des comptes en Suisse. Vous avez un lourd passé dans ce domaine, vous avez été à la Cour des comptes puis vous avez été ministre des Finances. Enfin, vous n’êtes pas innocent, vous n’êtes pas totalement ignorant de cela », fait remarquer Charles de Courson.
- « Je n’ai ni passé en la matière, ni passif et je suis totalement innocent », répond alors Pierre Moscovici.
Protestations d’innocence contre doutes affichés. Mais le président de la commission l’a affirmé dans la soirée : toujours aucun élément tangible pour trancher.