Double inédit sous la Ve République : les comptes de campagne d'un ex-président et candidat sont rejetés. Les réactions à la décision du Conseil constitutionnel ne se sont d'ailleurs pas fait attendre. A commencer par le premier intéressé, l'ex-chef de l’Etat, qui a annoncé, une heure après la décision rendue publique, qu'il démissionnait du Conseil constitutionnel.
Nicolas Sarkozy souhaite « retrouver sa liberté de parole »
Nicolas Sarkozy souhaite, dit-il dans un communiqué, « retrouver sa liberté de parole devant la gravité de la situation, ses conséquences, pour l’opposition et la démocratie ».
Une façon pour l'ancien président, dit-on à l'UMP, de signifier que cette décision des neuf sages avait pour lui peu à voir avec le droit, et beaucoup avec la politique.
D'ailleurs, Brice Hortefeux, très proche de l'ex-président, n'a pas hésité à déclarer dans la foulée : « C'est une décision totalement injuste, qui démontre une nouvelle fois la volonté d'asphyxier par tous les moyens une personnalité qui gêne. »
«Je ne veux jeter l'opprobre sur personne »
Valérie Rosso Debord, déléguée générale de l'UMP, s'est quant à elle déclarée « surprise », et a qualifié jeudi « d'un peu excessif » la décision du Conseil, « qui n'est pas une bonne nouvelle ». Mais, ajoute-t-elle, « il faut dissocier l'avenir personnel de Nicolas Sarkozy, en la matière, de cette décision. »
Un avis partagé par Sébastien Huygues, député UMP du Nord, pour qui les Français « font la part des choses ». Il s'étonne également de la décision du Conseil et estime que certains éléments « réintégrés aux comptes de campagne étaient des choses qui ont été faites dans le cadre de ses fonctions de président de la République ». Avant d'ajouter : « Je ne veux jeter l'opprobre sur personne, mais c'est la première fois que l'on fait ce type d'interprétation, me semble-t-il, donc cela appelle à question. »
Abattement à l'UMP
A l'UMP, en tout cas, c’est l’abattement. Le rejet des comptes de campagne, cela veut aussi tout simplement dire la suppression de la subvention de 11 millions d'euros. Un manque à gagner d'autant plus énorme que les finances du parti sont déjà au plus mal depuis la défaite des législatives de 2012, et qu'il faut se préparer aux européennes et aux municipales.
Pour Olivier Rouquan, politologue et chercheur en sciences politiques, les conséquences de ce rejet sur l'UMP sont évidemment importantes. D'autant que le parti politique est déjà « exsangue ».
Le président du parti, Jean-François Copé qui, lui, a vu l'ex-président environ une heure après la décision du Conseil constitutionnel, a annoncé le lancement par l'UMP d'« une grande souscription nationale » pour soutenir ce parti. « La voix de l'UMP ne s'éteindra pas », a écrit M. Copé dans un message accompagnant le formulaire, en s'adressant aux militants, sympathisants, mais aussi aux Français. Il a également décidé de réunir « la semaine prochaine, le Bureau politique statutaire de l'UMP (la direction du parti) afin d'examiner toutes les conséquences » de la décision des neuf sages.