En période de rigueur, il faut faire preuve de discipline. Tel est le message adressé par François Hollande en démettant la ministre de l’Ecologie Delphine Batho de ses fonctions. Une consigne d’autant plus sérieuse que le président a promis cette année de ne pas augmenter les impôts et de s’attaquer à la dépense. Il faut donc que le gouvernement suive.
Mais François Hollande a aussi voulu réaffirmer son autorité en faisant preuve de fermeté. Il y a deux mois déjà, il avertissait : les couacs dans l’équipe, c’est terminé.
La décision d’évincer Delphine Batho a été d’autant plus facile à prendre que l’ex-ministre n’était pas pour François Hollande un atout majeur. Elle n’a pas vraiment d’amis au gouvernement, pas de poids dans l’opinion et Ségolène Royal, sa marraine, lui avait retiré son soutien politique après qu’elles s’étaient brouillées. Une stature sans comparaison, donc, avec celle du très bruyant Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, qui a fait 17 % à la primaire socialiste en 2011.
Colère des écologistes
Mais dans les rangs des écologistes, la colère gronde. Alors que leurs rapports n’étaient déjà pas au beau fixe avec les socialistes, la démission forcée de Delphine Batho n’a fait qu’augmenter leur mécontentement. Ce mardi soir, ils se sont retrouvés au ministère du Logement pour une réunion de crise sous la houlette de Cécile Duflot.
Au bout de deux heures de débat, les écologistes ont finalement décidé de rester au gouvernement. Ils saluent aussi l’arrivée du remplaçant de Delphine Batho, le socialiste Philippe Martin, un véritable croisé anti-OGM et un partisan affiché de la fiscalité écologique.
Mais les écologistes préviennent : ils veulent maintenant des gestes forts de François Hollande. Le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, a ainsi menacé d’un départ des ministres Verts du gouvernement si des mesures n’étaient pas rapidement prises pour assurer « la transition écologique ». Parmi ces mesures, figure la question fiscale. Elle fait justement partie des projets du gouvernement. Une taxe sur le gasoil pourrait voir le jour cet automne. Une façon d’apaiser la majorité alors qu’elle s’apprête à affronter le défi des municipales et des européennes.