Comme il fallait s'y attendre, à l'issue de cette grand-messe sociale de deux jours aucune décision n'a été prise. Son objectif, comme l'a rappelé Jean-Marc Ayrault, a été de lancer la concertation. C'est chose faite. Mais, pour les participants aux débats, la route ne fait que commencer.
L'emploi n'est pas au rendez-vous
Les discussions se sont déroulées au palais d'Iéna, à Paris, autour de six grands thèmes : l'emploi et la formation, les conditions de travail, les nouvelles filières, les retraites et la protection sociale, le service public, ainsi que l'Europe sociale. Les participants ont dressé un constat de ce qui a été fait jusqu'ici, notamment sur les contrats aidés (440 000 en 2013), les contrats de générations, l'accord sur la sécurisation de l'emploi. L'accent a été mis sur ce qui reste à faire : la formation professionnelle, celles des chômeurs, mais aussi celle des seniors, pour que chaque emploi non pourvu trouve preneur.
La volonté affichée par le chef de l'Etat a marqué le premier jour des débats. François Hollande a réaffirmé son objectif d'inverser durablement la courbe du chômage à partir de la fin de l'année 2013. Et il a annoncé pour y parvenir un plan d'action visant à satisfaire les 200 000 à 300 000 offres d'emploi non pourvues. Le deuxième jour a été plombé par les prévisions très pessimistes de l'Insee, l'Institut ne voyant pas d'inversion de la courbe du chômage en 2013. Pire encore, il prévoit une nouvelle dégradation sur le marché de l'emploi en fin d'année, ce qui met à mal l'engagement du président.
L'épineuse réforme des retraites
Mais la pomme de discorde porte sur la réforme des retraites, qui inquiète les Français. C'est pourtant ce qu'exige la Commission européenne de la France. L'enjeu est de trouver les sept milliards d'euros nécessaires au rééquilibrage du régime général à l'horizon 2020. Mais les partenaires sociaux ont des positions opposées sur les moyens de le faire. Certains syndicats ne rejettent pas l’allongement de la durée de cotisation.
C’est le cas de la CFDT et de la CFTC, mais ils y mettent leurs conditions. En revanche, d’autres centrales - CGT et FO - ne veulent pas en entendre parler. Ils rejettent, dès à présent, tout allongement de la durée de cotisation et en font « la ligne rouge » à ne pas franchir. Cette solution a été présentée pourtant comme « la plus juste » par le chef de l'Etat.
Le patronat, pour sa part, veut repousser l’âge à partir duquel un salarié peut prendre sa retraite, passant de 62 ans d’ici 2017 à 63 ans d’ici 2020 puis à 65 ans d’ici 2040. Mais François Hollande a d’ores et déjà exclu cette possibilité. Pour la patronne sortante du MEDEF, Laurence Parisot, il y a de la part des organisations syndicales « comme un déni de la gravité » de la situation économique de la France.
Le gouvernement lancera la concertation avec les premières rencontres bilatérales dès les 4 et 5 juillet. Mais au final, il décidera seul de la réforme qu'il entend présenter à la rentrée. Quant à la CGT, le syndicat appelle à la mobilisation des salariés pour la défense de droit à la retraite et de pouvoir d’achat. Aussi, septembre promet d'être chaud.