France: cap sur l'emploi pour la deuxième conférence sociale du président Hollande

Le coup d'envoi de la deuxième conférence sociale du quinquennat de François Hollande a été donné ce jeudi 20 juin. Durant deux jours, les partenaires sociaux et les membres du gouvernement se réunissent pour tenter d’apporter des réponses à l’épineuse question de la réforme des retraites que le gouvernement veut lancer dans quelques mois, et surtout à l’emploi, avec en priorité la lutte contre le chômage.

En juillet 2012, François Hollande, fraîchement élu, tenait sa première grande conférence sociale. Cette grand-messe se veut le symbole du dialogue renoué entre l’exécutif et les partenaires sociaux, avec pour objectif d’établir la feuille de route sociale des mois à venir. Après une rencontre à huis clos de trois heures ce jeudi matin avec les huit organisations, la deuxième conférence sociale devait débuter par un discours d’ouverture de François Hollande qui sera suivi de plusieurs tables rondes.

Mais cette année le climat est beaucoup plus tendu. La France est en récession, le taux de chômage est au plus haut alors que François Hollande a promis d’en inverser la courbe, sans oublier la récente annonce du gel des salaires des fonctionnaires. Autant d’annonces qui suscitent le mécontentement des syndicats. Des syndicats divisés qui se battent froid depuis la signature de l’accord sur l’emploi le 11 janvier dernier, qui a semé la division.

Cette deuxième conférence est aussi l’occasion de faire un premier bilan sur les mesures prises l’an dernier pour relancer l’emploi. Selon Eric Heyer, directeur adjoint au département analyses et prévisions de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), ces mesures peinent à démarrer : « La mise en route est longue et décevante en ce qui concerne les emplois aidés et les emplois d’avenir. Et quant aux contrats de génération, qui est l’autre grand dispositif du gouvernement, il n’y a pas grand-chose à en attendre parce que les effets d’aubaine sont extrêmement élevés. On estime que 21 000 emplois seront créés au cours de l’année 2013, grâce à ce dispositif ». Selon l'OFCE, l'économie française détruit actuellement environ 150 000 emplois par an. On voit bien que, malgré ces nouvelles mesures, on est très loin de compenser les pertes.

L’emploi au cœur des débats

De gros dossiers comme la réforme des retraites, l’emploi et la formation professionnelle vont être abordés lors des différentes tables rondes. Officiellement intitulée « Conférence sociale pour l’emploi », elle est l’occasion pour les syndicats de réaffirmer leurs revendications pour encore plus de mesures en faveur de l’emploi.

Force Ouvrière (FO) demande l’arrêt des politiques d’austérité pour relancer la croissance. Le leader de la CGT, Thierry Lepaon, souhaite que l’on revoit les aides aux entreprises afin de les réaffecter aux entreprises qui embauchent : « Nous souhaitons que les questions sur l’efficacité des aides publiques aux entreprises soient à nouveau débattues, au regard des 200 milliards d’euros d’aides publiques payées par les citoyens aux entreprises ». De son côté, la CFDT souhaite davantage d’emplois aidés et un meilleur accompagnement sur la mise en place de l’alternance.

Le dossier brûlant est bien sûr celui des retraites. Le Medef en a fait son cheval de bataille. Pour Laurence Parisot, c’est le dossier prioritaire de cette conférence sociale. Très mécontente du rapport Moreau, la patronne des patrons affirme que les mesures proposées représentent « une aggravation pour les entreprises, une aggravation pour les salariés, une aggravation de la situation pour les retraités » et ne comprend pas « que la France soit le seul pays qui ne parvienne pas à réformer son système des retraites ». A la CFDT, Laurent Berger met l'accent sur l'importance de la formation : « Il faut dégager des fonds prioritairement en direction des chômeurs, dans un premier temps en mesure d’urgence, puis ensuite, il faut négocier le financement des comptes personnels de formation surtout pour les moins diplômés ».

Chacun va tenter de défendre ses idées tout en sachant qu'aucune décision ne sera prise à l'issue de cette conférence qui est une invitation à la réflexion et non pas une table de négociations. Vendredi soir, à la clôture des débats, Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, présentera les grandes lignes de ce que sera la feuille de route pour les prochains mois.

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