Affaire Tapie: Orange dans l’incertitude après la mise en examen de son patron

Le patron d'Orange Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, a été mis en examen, mercredi 12 juin 2013, pour « escroquerie en bande organisée », dans le cadre de l'enquête sur l'arbitrage favorable à Bernard Tapie. Selon une source proche de l'enquête, il aurait affirmé que ce dernier était présent lors d'une réunion cruciale à l'Elysée, en 2007. Pour l’heure, pas de changement sur la gouvernance du groupe.

Stéphane Richard est, ce jeudi, à son bureau. Dès mercredi, le groupe a tenté de minimiser la mise en examen de son PDG. Rappelant que depuis 2011, le groupe Orange s’est doté d’un deuxième mandataire social qui dispose des mêmes pouvoirs que Stéphane Richard et qui peut prendre sa place en cas d’urgence. Il s’agit de Gervais Pélissier, le directeur général délégué.

Mais il sera plus difficile, pour Stéphane Richard, après sa mise en examen, de gérer sereinement un groupe, qui pèse 43 milliards d'euros de chiffre d'affaires et compte 170 000 salariés dans le monde. Le gouvernement se pose désormais la question de son maintien à la tête d’Orange. L'Etat français, qui s'est porté partie civile dans l’affaire Tapie, est également actionnaire d’Orange à hauteur de 27%.

Des rumeurs de débarquement

Matignon a déclaré que la réponse serait apportée par le conseil d'administration qui se réunit au début de la semaine prochaine. La position des représentants de l'Etat à ce conseil d’administration ne sera dictée que par le « seul intérêt du groupe », a prévenu Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie. Dans le cas où Stéphane Richard serait maintenu, il devra, de toute façon, faire face aux actionnaires, puisque son mandat à la tête d'Orange se termine, en juin 2014. Cette mise en examen pourrait compromettre sa réélection.

Du côté du personnel, même si cela peut surprendre, les salariés veulent garder Stéphane Richard. La situation n'est pas toute rose, dans le secteur des télécoms. Orange a vu son profit s'effondrer de presque 80% entre 2011 et 2012. Or il a réussi à apaiser le climat social, au sein de l'entreprise, suite à l'affaire des suicides.

Bouygues, Axa, la Société générale

Il n'empêche que du côté des syndicats, l'Union sacrée que l'on avait constatée pendant la garde à vue, se lézarde. Le syndicat des cadres CFE-CGC/Unsa soutient le PDG, rappelant que d'autres patrons de grands groupes ont continué d'exercer leur mandat, lors d'une mise en examen. C'est le cas notamment des patrons de Bouygues, d'Axa ou bien encore de la Société générale.

Mais d'autres voix s'élèvent pour dire que la situation est gênante. Car si Stéphane Richard est aujourd'hui à la tête d'Orange, il le doit à sa carrière d'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde. Sud et la CGT estiment que sa mise en examen est « difficilement compatible », avec la direction du groupe.


Stéphane Richard affirme que Bernard Tapie était à l'Elysée pour une réunion

Stéphane Richard a déclaré aux enquêteurs que Bernard Tapie était présent en 2007 à une réunion à l'Elysée destinée à mettre en place la procédure d'arbitrage, selon une source proche de l'enquête. Interrogé par l'AFP, Bernard Tapie a déclaré ne « pas se souvenir d'une réunion à cette date », qui ne pouvait selon lui « être une réunion de validation mais d'information ».

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