C’était un premier meeting symbolique pour Anne Hidalgo. Un meeting « passage de témoin ». Devant 1 500 militants rassemblés pour l’occasion, l’actuel maire de Paris, le socialiste Bertrand Delanoë, a passé le relais à la candidate Hidalgo, choisie à plus de 98 % par les militants du PS.
Bertrand Delanoë a souhaité mettre les choses au clair : Anne Hidalgo n’est pas son « héritière ». « Je n’ai pas désigné Anne », certifie le maire de Paris, qui précise néanmoins : « Je suis probablement le plus crédible pour témoigner : Anne Hidalgo, depuis 12 ans, s'est mise au service exclusif de Paris et des Parisiens. C'est un premier élément, extrêmement encourageant pour pouvoir diriger cette ville demain. » Manière pour lui de mettre un terme aux accusations de la droite, qui taxe Anne Hidalgo d’être la dauphine de Bertrand Delanoë.
L’ombre du mentor
De son côté, celle qui est l’actuelle première adjointe au maire de Paris avait un objectif pour cette première grande réunion publique : sortir de l’ombre de son mentor. Anne Hidalgo s'est même emparée du bilan des deux mandats de Bertrand Delanoë, pour en faire un peu son propre bilan.
« Je suis une héritière, oui ! La droite me lance ce vocable comme une injure : hé-ri-tière… Mais, devrais-je avoir honte de ce que nous avons fait pour Paris ? », a-t-elle lancé aux militants conquis.
Un héritage qui devient donc sa force, et non plus l’ombre écrasante de son prédécesseur. Pour la candidate socialiste, l’entrée dans la bataille de Paris se fait sans trop de vagues.
A droite, une favorite pourtant toute désignée...
Et la voie est d’autant plus libre qu’à droite, l’UMP tangue et se déchire encore pour savoir qui sera son candidat. Pour la première fois, le parti a décidé de faire une primaire pour choisir son représentant.
Il y a trois mois, Nathalie Kosciusko-Morizet entrait dans la course. L’ex-ministre et porte-parole de Nicolas Sarkozy devenait ainsi, d’office, la grande favorite. L’ancienne ministre de l’Ecologie raconte comment deux députés UMP parisiens, Claude Goasguen et Bernard Debré, sont venus la chercher pour cette élection : « Il y a deux élus qui sont venus me parler très tôt de la campagne de Paris, chacun à sa manière. Bernard Debré, c’était "Bon écoute, il n'y a qu’une solution, alors il faut que tu y ailles !" Claude Goasguen, c’était autre chose. C’était "Je te donne un rendez-vous au café, je t’écoute, je ne te dis rien, et puis une demi-heure après, je t’envoie un SMS en disant : J’ai enfin rencontré une candidate, ça fait 10 ans que je la cherche… C’est toi !" »
... mais une favorite dans la tourmente
Tout semblait bien partie pour celle qui est encore plébiscitée par 82 % des sympathisants UMP à la mi-mai comme étant la meilleure candidate pour remporter la mairie de Paris en 2014.
Mais la machine s’est grippée. Un caillou s’est glissé dans la chaussure de NKM : le mariage pour tous. Nathalie Kosciusko-Morizet s’est abstenue de voter contre cette loi. Une décision qui ne passe pas pour une partie des militants UMP qui, à l’occasion, l’interpellent sur le sujet.
Lors d’une réunion publique, un militant est venu l’avertir : « C’est ce sujet qui préoccupe tout le monde, c’est un sujet fondamental. Et vous, vous avez montré votre incohérence sur cette question, en ne votant pas contre le mariage homosexuel. Vous ne comprenez pas comment vous êtes perçue par ce public, c’est eux qui vont voter, et cette primaire vous allez la perdre ! »
Un risque qui plane au-dessus de la favorite. D’autant que l’aile la plus à droite de l’UMP joue aussi contre NKM désormais. L’un des chefs de file de la Droite forte, Guillaume Peltier, a appelé à la faire battre à la primaire. Et il a été entendu par de nombreux militants anti-mariage pour tous, qui se sont inscrits pour voter contre NKM. Difficile de savoir combien ils sont. Mais la crainte qu'ils soient surreprésentés agite les soutiens de NKM, qui tentent de contrer cette attaque.
Il faut sauver le soldat Kosciusko-Morizet
En tête de ces soutiens, l’ancienne première dame de France, Bernadette Chirac. Elle condamne les « querelles intestines » qui minent le parti. « Il faut se serrer les coudes, pour soutenir celle qui a le plus de chances de gagner. Les disputes ne servent à rien, si ce n’est à engager la machine à perdre. Je parle là du mariage pour tous… Mais ce n’est pas le sujet de la campagne municipale de Paris ! C’est un sujet national en somme. »
Il n’empêche, ce sujet « national » a plongé NKM dans la tourmente. C’est ce vendredi que commence le premier tour de cette primaire de l’UMP pour la mairie de Paris. Il durera jusqu’à lundi soir. Et les résultats sont incertains. Comme le confiait un proche de NKM : « Les élections, c’est toujours aléatoire ».