Ce lundi 27 mai, sur les antennes de RFI, Frigide Barjot a annoncé que « la phase des manifestations de rue était passée et que la manif pour tous en tant que telle n'existait plus ». Celle qui en a longtemps été la porte-parole et l'égérie va même encore plus loin, puisqu'elle est en train de lancer son propre mouvement.
Elle a choisi de l'intituler « L'avenir pour tous », un nom proposé par son mari, Basile de Koch. Elle invite toutes les personnes de bonne volonté qui partagent ses idées à la rejoindre. Frigide Barjot a même lancé un appel en ce sens à Ségolène Royal, pour laquelle elle prétend avoir voté en 2007 et qui déclarait récemment qu'elle aurait préféré pour les couples homosexuels une union civile avec égalité des droits, plutôt qu'un mariage.
C'est sur ce point, précisément, que Frigide Barjot s'est trouvée marginalisée au sein de la « Manif pour tous » ces derniers temps, surtout depuis l'adoption de la loi. Elle a même choqué en déclarant qu'il ne fallait pas empêcher la célébration de mariages homosexuels, et qu'elle assisterait à l'un de ces mariages si elle y était invitée. Autrement dit, Frigide Barjot prend acte de l'adoption de la loi actuelle, mais souhaite continuer son combat en faisant tout pour que cette loi n'ouvre pas de porte sur la procréation médicalement assistée ou la gestation pour autrui.
Certains, surtout du côté de l'extrême droite, ne l'ont pas trouvée assez résolue, voire assez radicale. C'est pour cela qu'elle a subi dernièrement des pressions, des intimidations, des menaces. Au point d'être écartée d'un précédent cortège à Lyon, puis d'être obligée de renoncer à manifester ce dimanche.
Quelle relève au sein de La manif pour tous et pour quoi faire ?
On le voyait bien, ces dernières semaines, Ludovine de La Rochère, présidente de la manif pour tous, était de plus en plus présente sur le plan médiatique, comme pour faire passer Frigide Barjot et ses idées « plus personnelles » au second plan. Son objectif est simple : pousser François Hollande à retirer cette loi, coûte que coûte. Elle est suivie par l'immense majorité des personnes qui ont arpenté le bitume ce 26 mai, et qui sont prêtes, comme elle, à manifester à nouveau aussi souvent que nécessaire, à montrer leur mécontentement dans les urnes, à multiplier les opérations de communication ou de lobbying.
Mais toujours en dehors de toute violence et dans le respect des lois de la République. Ces contestataires - plutôt classés à droite, mais pas seulement ; plutôt catholiques, mais pas forcément - se rassemblent autour d'une même idée : la défense des intérêts primordiaux de la famille. Ils sont aussi bien contre le mariage entre homosexuels que contre la théorie du genre, qui fait une percée dans les écoles et qu'ils considèrent comme une « idéologie désastreuse » pour l'humanité toute entière.
Ludovine de la Rochère est prête, et des millions de Français avec elle, à continuer la résistance : « Nous poursuivrons le combat partout en France ! », a-t-elle annoncé sur la tribune dressée sur l'esplanade des Invalides. « Cette immense lame de fond ne s'arrêtera pas tant que la loi ne sera pas abrogée. La manif pour tous est le plus grand mouvement social que la France ait connu depuis mai 1968. Ayons bien conscience de ce que nous avons accompli : nous sommes une force sociale puissante, déterminée, organisée. »
Un discours plus ou moins radicalisé
En dehors de Ludovine de La Rochère, d'autres voix se sont fait entendre, qui touchent déjà beaucoup de monde chez les catholiques. C’est le cas par exemple de Tugdual Derville, le délégué général d'Alliance Vita, qui avait déjà organisé des manifestations contre le Pacs en 1999 aux côtés de Christine Boutin et qui est très attaché à la défense de la vie, à ses tous débuts, comme lorsqu'elle touche à sa fin. Comme d'autres, nombreux, par exemple, chez les jeunes, il aspire à l'émergence d'une nouvelle forme d'« écologie humaine » d'inspiration chrétienne.
A l'opposé de ce discours ferme sur ses convictions, mais bienveillant, Béatrice Bourges est devenue, elle, l'égérie du Printemps français dans un registre beaucoup plus radical. Si radical que le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a songé un temps à l'interdire. Ses partisans, appartenant souvent à des mouvements d'extrême droite comme les Jeunesses identitaires ou le GUD, n'ont pas peur d'aller au contact physique pour montrer leur désaccord. Ce sont eux qui ont harcelé récemment des élus, ont saccagé des locaux d'associations homosexuelles et ils comptent bien ne pas s'arrêter là.