Avec notre envoyé spécial au tribunal de Nanterre, Franck Alexandre
Surpris par une caméra de télévision, il y a quelques jours, Jacques Servier avait lâché : « On s’en fout de ce procès ». Alors pour ne pas faire mauvaise figure, il est venu mais il n’est resté qu’une heure et demie à peine.
Agé de 91 ans, le fondateur des laboratoires Servier a prétexté la fatigue pour s’éclipser, provoquant la colère des victimes. « Il n’a jamais osé regarder les gens. Moi, j’aurais aimé pouvoir croiser son regard, ça m’aurait fait du bien de pouvoir croiser son regard. J’ai pleuré tellement j’étais écœurée de voir son attitude. Quand il a dit " je me fous du procès ", eh bien c’était bien confirmé aujourd’hui. »
Bras de fer procédural pour ce premier jour, la défense de Jacques Servier estime que ce procès est inéquitable alors que leur client est mis en examen à Paris où une instruction est sur le point de s’achever.
Mais les parties civiles sont aussi divisées. Certains plaignants estiment que ce procès trop rapide, sans expertise, n’a pas lieu d’être. « Je vais peut-être vous surprendre, mais ma volonté est dans l’intérêt des victimes. C’est que cette audience soit reportée, que l’instruction sur Paris soit clôturée et que nous puissions avoir tous les éléments pour juger convenablement M. Servier et les autres dirigeants, dit Me Jean-Christophe Coubris, qui représente 40 victimes dans la procédure de Nanterre. Donc ma volonté, c’est de demander un sursaut à statuer pour que l’enquête menée par le pôle de santé soit bouclée et ça c’est dans quelques semaines, c'est pas dans deux ans. »
Alors, Nanterre ou Paris ? C’est désormais au tribunal de trancher.