Conférence de presse de François Hollande: la majorité attend un sursaut

François Hollande lance aujourd'hui la deuxième année de son quinquennat. Le président tient ce jeudi après-midi à 16 h sa deuxième conférence de presse devant 400 journalistes. Durant deux heures, le chef de l’Etat va se livrer à un exercice de pédagogie qu'il affectionne particulièrement. François Hollande devrait notamment aborder les futurs dossiers explosifs.

C’était il y a six mois quasiment jour pour jour, François Hollande tenait sa première conférence de presse du quinquennat. Le chef de l'Etat mettait ce jour-là en avant son pacte de compétitivité à destination des entreprises. Six mois plus tard, la situation s’est dégradée : la France est en récession, le chômage n’a jamais été aussi élevé. Lien de cause à effet : le président est au plus bas dans les sondages.

Que doit faire, que doit dire François Hollande pour redonner confiance aux Français et permettre à l’économie de repartir ? Questions que nous avons posées aux députés de la majorité.

« Assumer une logique sociale-démocrate »

Pour Philippe Martin, élu socialiste du Gers, le président doit « assumer une logique sociale-démocrate, qui est expliquée par les réformes qu’il a voulues, c’est dire qu’il donne de la clarté et du sens sur ces réformes pour expliquer que, à la fin du compte, lorsque toutes ces réformes seront mises en œuvre et tourneront à plein régime, elles donneront les résultats qu’il attend ».

Pour l’instant, ces réformes n’ont pas porté leurs fruits, notamment en matière d’emploi. Ainsi, certains élus socialistes demandent que les premiers dispositifs mis en place pour lutter contre le chômage soient évalués. Pour éventuellement en améliorer leur efficacité.

« Nous le voyons sur le terrain avec les emplois d’avenir, témoigne ainsi Razzy Hammady député socialiste de Seine-Saint-Denis. Nous voyons que le tissu associatif qui était prêt à les recevoir n’est peut-être pas aussi robuste qu’on pouvait le croire. Il en est de même, par exemple, pour le crédit d’impôt compétitivité emploi : est-ce qu’il n’est pas temps d’interpeller ou d’interroger sur un certain nombre de conditionnalités, notamment pour envoyer ce crédit d’impôt en priorité sur les entreprises de taille intermédiaire, sur les très petites entreprises (TPE) ? »

« Soutien au pouvoir d’achat »

François Hollande doit donc continuer à s'attaquer en priorité au problème du chômage, estime-t-on à gauche. Mais il doit aussi concentrer ses efforts sur le pouvoir d’achat des ménages. Ce serait un moyen de donner des gages à un électorat de gauche qui doute de plus en plus de sa politique.

« On parle beaucoup des retraites, mais moi je voudrais qu’on s’occupe de revaloriser les petites retraites estime quant à lui Thomas Thèvenoud, élu socialiste de Saône-et-Loire. La question des retraites agricoles, la question de la demi-part fiscale pour les retraités. Ces questions-là qui touchent au pouvoir d’achat des Français, nous-mêmes parlementaires de gauche devons y travailler. »

Des mesures qui permettraient d’apaiser les tensions avec l’aile gauche de la majorité. La gauche du Parti socialiste (PS) qui réclame toujours un plan de relance. « Le soutien à la consommation, le soutien au pouvoir d’achat, ou une relance par les investissements, ce sont des outils qui doivent être mis sur la table, estime ainsi le député de l’Essonne Jérôme Guedj. Je me félicite, par exemple, que le Premier ministre ait annoncé récemment un grand plan d’investissements pour le pays, ça va dans cette bonne direction ».

Seul un quart des personnes interrogées jugent favorablement l'action de François Hollande. Un remaniement peut-il lui permettre de retrouver la confiance des Français ? Là n’est pas le problème, répondent en chœur les députés de la majorité. Aucune annonce n’est d’ailleurs attendue aujourd'hui sur le sujet.

« Ce n'est pas un remaniement que nous attendons, c’est un redressement »

Pour Patrick Mennucci, élu socialiste des Bouches-du-Rhône, « ce n’est pas un problème de personnes, Jean-Marc Ayrault fait bien son travail. Ce n'est pas un remaniement que nous attendons, c’est un redressement ». Et le redressement du pays passe par un changement radical de politique juge l'Union pour un mouvement populaire (UMP).

La priorité pour François Hollande doit être la baisse de la dépense publique, aux yeux de Jean-Christophe Fromentin. « Il y a une annonce que tout le monde attend, ajoute le député Union des indépendants (UDI), c’est quels sont les arbitrages qu’il peut faire sur la dépense publique puisque tous les taquets fiscaux à la fois sur les particuliers, sur les retraités, sur les entreprises sont au maximum. Donc il y a vraiment un sujet aujourd’hui sur quels arbitrages pour réduire la dépense publique, à l’aune du climat récessif qui s’annonce. »

Plus que rassurer la droite, François Hollande cherchera ce jeudi à reprendre la main et à ressouder sa majorité. Une fois sa conférence de presse terminée, le chef de l'Etat devrait d'ailleurs aller à la rencontre des députés et des sénateurs socialistes, à la Maison de l'Amérique latine à Paris. Un lieu où les élus de la majorité se retrouveront en famille pour suivre l’intervention du président.

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