Déception et colère, ce sont les sentiments qui animaient la plupart des manifestants venus marcher de Sèvres-Babylone jusqu'aux Invalides pour dénoncer le vote par les députés du projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe. « C’est une honte », dénonce Laurence, une étudiante. « Un mariage c’est deux parents et des enfants, c’est tout, un homme et une femme. »
Dans une ambiance tendue, les opposants au mariage pour tous voulaient afficher leur détermination. Car bien que la loi ait été adoptée par les députés, la mobilisation va se poursuivre. Cyril, jeune cadre, demande un référendum. « Le gouvernement a perdu toute légitimité », estime-t-il. « Plus d’un million de personnes se sont réunies il y a quelques semaines. La moindre des choses aurait été de parler avec le peuple. Comme l’a dit M. Guaino, ce n’est pas la TVA, c’est un projet civilisationnel. Et nous voulons être consultés sur ce projet ».
Les anti déterminés à ne pas lâcher la mobilisation
Parmi les responsables politiques présents à la manifestation, le maire de Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, Xavier Lemoine, affichait sa déception et en même temps sa fierté de la mobilisation des opposants à cette loi.
« Moi je suis très triste pour tous les Français qui viennent de perdre ce soir leur qualité d’homme, de femme, de papa et de maman. Ce n’est pas neutre et il n’y a pas motif à se réjouir. Mais le peuple français a bien compris de quoi il en retournait, et il ne va pas se laisser faire. Il faudra voir dans les semaines qui viennent quelles modalités cela prendra. J’éprouve de la tristesse vis-à-vis du vote, mais aussi de l’espérance au vu de la mobilisation. » Par ailleurs, la porte-parole de la Manif pour tous, Frigide Barjot, a assuré que son mouvement tentera de peser sur les élections municipales de 2014.
Des incidents ont éclaté à la fin de la manifestation des opposants. Près des Invalides, quelques dizaines de manifestants ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre venues encadrer le rassemblement. Celles-ci ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. Les échauffourées se sont ensuite déplacées aux abords du Quai d'Orsay où les manifestants ont continué à harceler CRS et gendarmes mobiles. Les journalistes ont également été injuriés.
« Soulagé de passer à autre chose »
Du côté des pro-mariage pour tous, l'heure était en revanche aux réjouissances après
l'adoption du projet de loi. Un ouf de soulagement pour la communauté gay : ils étaient quelques milliers réunis derrière l'hôtel de ville de Paris pour célébrer ce moment qu'ils qualifient d'historique. Même si, pour Hervé Gentil, le débat sur le mariage pour tous a créé beaucoup de tensions.
« Soulagé de passer à autre chose, oui », confie-t-il. « Mais aussi triste que ce soit passé dans un climat très difficile à comprendre et à supporter. Il y a eu un clivage qu’il n’y aurait pas dû avoir. Mais c’est une loi historique qui surpasse le PACS. C’est un texte de protection mais aussi d’égalité. »
Soulagement, mais aussi fierté. Et pour Mickael Maru, 21 ans, ce n'est pas la fin de la lutte. « Je suis fier et content que la loi soit passée, explique le jeune homme. Les gens qui ont envie de se marier pourront le faire. C’est le début d’un changement de mentalité. C’est une loi qui permettra beaucoup plus de droits par rapport aux gens qui se pacsent. Je pense que c’est bien que la PMA et la GPA passent. L’important, c’est que les gens soient libres ».