Fermeture des hauts fourneaux de Florange: la «trahison» de François Hollande

La mise en arrêt définitive des hauts fourneaux de Florange a débuté ce mercredi 24 avril. Pour les syndicats, cet arrêt symbolise aussi les promesses non tenues de François Hollande. Lors de la campagne présidentielle, il avait promis une loi pour contraindre les groupes fermant des usines à trouver un repreneur. Cette loi n'a toujours pas vu le jour.

Avec notre envoyée spéciale à Florange, Gaëlle Laleix

Devant l’ancien site sidérurgique d’Hayange, à quelques kilomètres de Florange, se trouve une statue en l’honneur des ouvriers. A ses pieds, le syndicat Force ouvrière vient de déposer une stèle à la mémoire des promesses oubliées de François Hollande.

Walter Broccoli, secrétaire général, lit un texte de ses camarades : « Vous resterez toujours présents dans nos cœurs et nos mémoires. Vous avez fait vivre… » Submergé par l’émotion, il suspend sa lecture. « Je ne peux plus lire », murmure-t-il.

C’est une histoire de la Lorraine que l’on tourne aujourd’hui. « Évidemment que je suis très ému, reconnaît Walter Broccoli. A onze ans, mon père travaillait de nuit. La première fois que je suis allé aux fourneaux, il m’a pris avec lui, il m’a fait monter sur une machine, une locomotive. J’ai vu les étincelles, j’ai vu couler la fonte et aujourd’hui, je me rends compte que c’est fini. Mon père est enterré et on enterre maintenant les hauts fourneaux ».

Sur la stèle, on peut lire en gros « trahison ». Les ouvriers diffusent un enregistrement de François Hollande à l’époque de sa campagne électorale. « On a repassé les promesses que le président a faites pour bien démontrer qu’on était partis sur de bonnes bases et avec la conviction que ça allait redémarrer. Et qu’est-ce qu’on a eu à la place : un coup de couteau dans le dos », affirme, amer, Marcel Hirsch. Lui qui a passé 32 ans dans l’aciérie de Florange dit qu'il ne pardonnera pas au président.

Il faudra deux jours pour éteindre complètement les hauts fourneaux. En juin, les installations seront parfaitement inutilisables.

Les métallos continuent d’espérer

Vingt-deux mois de lutte acharnée de la part des ouvriers pour maintenir leur outil de travail n’auront pas suffi. Et pourtant, les syndicats ne baissent toujours pas les bras. Car les ouvriers n’ont cessé de le répéter : Florange est rentable. Des documents internes au groupe l’avaient confirmé en décembre, ainsi que le rapport d’une mission d’expertise lancée par le gouvernement l’été dernier.

Mais pour Yves Fabbri, de la CGT, l’exécutif n’a pas l’intention de sauver l’industrie française. « C’est un véritable génocide industriel en Lorraine. Sur les 2700 salariés, sur les 160 sous-traitants fournisseurs, sur les 405 intérimaires, il va y avoir des milliers de suppressions d’emplois, dénonce Yves Fabbri. On réclame une autre réorientation industrielle. Aujourd’hui, on a un gouvernement de gauche. On attendait autre chose de lui ».

D’autres espèrent une reconversion. Arcelor et le gouvernement vont investir 32 millions d’euros dans le projet expérimental LIS (Low Impact Steel). Il vise à produire de l’acier en réduisant les émissions de CO2. Pour Jacques Minet, secrétaire de la CFDT, c’est la clé pour que la fonte coule de nouveau à Florange. « On nous a annoncé que la recherche se ferait sur Maizières, donc en Lorraine, mais on veut que lorsqu’on passera à l’étape industrielle, ça se fasse sur le site de Florange. L’étape industrielle nécessite de toute façon un nouveau fourneau puisque c’est une nouvelle conception, une nouvelle façon de produire de l’acier, argue Jacques Minet. Ce que nous voulons donc, c’est que ce nouveau fourneau révolutionnaire soit construit à Florange. Pour nous, ce n’est pas tout à fait la fin ».

Un point sur le projet LIS doit être fait dans six ans. Si les recherches aboutissent, rien ne garantit néanmoins que LIS trouvera son débouché à Florange.

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