Affaire Cahuzac: une instruction qui s'annonce compliquée

Ce sont deux juges d'instruction expérimentés, le doyen du pôle financier, Roger Le Loire, et le pugnace Renaud Van Ruymbeke, qui ont hérité du dossier Cahuzac. Ce dossier chaud bouillant devra être conduit aussi bien sur le territoire national qu'au-delà des frontières. Et il prendra du temps.

Soupçonné d'avoir possédé un compte bancaire en Suisse chez UBS, Jérôme Cahuzac l'aurait alimenté, selon un témoin entendu par la police, avec des fonds provenant de laboratoires pharmaceutiques. Il l'aurait ensuite fermé, en 2010, pour transférer son argent vers Singapour.

L'instruction portera donc sur les anciennes activités de consultant de Jérôme Cahuzac et notamment sur de nombreux contrats signés avec le laboratoire Pfizer. Elle devra établir si le ministre démissionnaire s'est fait rémunérer par le passé de façon illicite par un ou plusieurs autres laboratoires.

A Genève, le procureur Yves Bertossa a reçu dès le 12 mars dernier une demande d'entraide judiciaire, toujours en cours d'examen. Il y a fort à parier que d'autres investigations seront rapidement diligentées. Or la Suisse n'accepte de lever le secret bancaire qu'en cas de crime et elle ne reconnaît pas le délit fiscal. Il faudra donc toute la force de persuasion des deux juges français pour bousculer les habitudes genevoises. Avec Singapour, même en l'absence d'entraide pénale, les choses devraient être paradoxalement beaucoup plus faciles.

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