« On est venu réclamer notre dû », martèle Jacky Ressens, un ancien ouvrier, alors que s’ouvre ce 26 février à Compiègne, dans l’Oise, le procès des « Conti » contre Continental, leur ancien employeur. Le gymnase de Margny-lès-Compiègne a été réaménagé en tribunal pour trois jours d’audience.
Le « dû », c’est l’annulation pure et simple du licenciement pour « absence de motivation économique » des ex-salariés, assortie de l'équivalent de deux à quatre ans de salaires en dommages et intérêts.
Les « Conti » contestent ainsi la raison qu’avaient invoquée les dirigeants de Continental pour se séparer d’eux. A savoir la fermeture « inéluctable » de l’usine de Clairoix, dans l’Oise, pour préserver la compétitivité de l’entreprise. Selon l’entreprise allemande, trois usines tournaient à vide en Europe, au plus fort de la crise économique.
Le licenciement de 22 anciens salariés déjà annulé
Les syndicats espèrent avoir gain de cause, d’autant que le 14 février 2013, le tribunal administratif d'Amiens avait annulé le licenciement de 22 anciens salariés protégés (syndiqués), a rappelé Xavier Mathieu, délégué CGT, du haut des marches du gymnase. Une décision historique qui pourrait servir d’exemple.
Autre enjeu de ce procès : le défaut de reclassement des 1 173 salariés concernés. Le groupe n’aurait pas respecté ses engagements, à savoir le versement de 24 mois de congé mobilité à hauteur de 65% du dernier salaire, 10 000 euros d’aide à la création d’entreprise, un budget alloué à la formation, deux offres d’emplois par employés…
Mais selon Déborah David, avocate chez Jeantet Associés, qui défend l’entreprise allemande, un accord de méthode aurait bien été voté, et le plan social aurait coûté 200 000 euros par salarié. Un montant que réfutent les syndicats.
La crise comme prétexte pour licencier
Pour Alexandra Soumeire, défenseur des 150 ex-employés, la firme a utilisé la crise économique comme prétexte « pour supprimer 1 120 postes, alors que dès l'année d'après, elle a augmenté de 85% ses résultats ».
S’ils obtiennent les 80 millions d’euros de dommages et intérêts qu’ils réclament, les « Conti » ne pourront toutefois pas être réintégrés au sein de Continental, prévient Alexandra Soumeire.
La décision sera mise en délibéré jeudi 28 février. Si elle défavorable, elle risque de provoquer « la colère des salariés, parce que ce serait incompréhensible », prévient le délégué CFTC, Antonio Da Costa.