« Merah, tout sauf un loup solitaire ». Par cette affirmation, le ministre de l'Intérieur prend l'exact contre-pied de la thèse défendue par Bernard Squarcini, l'ancien patron du contre-espionnage sous Nicolas Sarkozy. Pour Manuel Valls, Mohamed Merah incarne au contraire les « nouvelles techniques opérationnelles » d’al-Qaïda : un tueur agissant seul, mais qui n'est pas isolé. Car « Merah a été formé par les jihadistes. Il s'appuie sur un environnement, des contacts en France et à l'étranger ».
Le juge antiterroriste Marc Trévidic porte le même regard. Fini les groupes très structurés et les attaques de grande ampleurs : « L’idée générale est que al-Qaïda n’est plus capable d’exporter son jihad et de faire des coups très forts. Donc l'organisation s’en remet aux vocations individuelles. Autrement dit, partout où vous êtes. Débrouillez-vous mais frappez l’ennemi. Al-Qaïda, quand elle avaient des camps d’entraînement, a quand même accueilli entre 20 et 25 000 volontaires en Afghanistan. Là, ils pouvaient faire parler la poudre. Maintenant, ils ont compris que les choses allaient changer et que leur seule façon de subsister encore, c’est de distiller leur idéologie puisqu’il n’y avait pas moyen de faire autre chose. »
La lutte contre le terrorisme en France, très centralisée, n'est pas appropriée à l'infiltration de petits groupes dispersés sur le terrain, affirme le juge Trévidic. Difficile, donc, reconnaît-il, de détecter aujourd’hui cette nouvelle menace.