C’est la thèse avancée par les partisans de sa suppression ou de son aménagement, bien qu’ils reconnaissent qu'il n'existe pas de preuve définitive sur ses effets. Les pays où les contrats sont moins protecteurs, comme le Royaume-Uni, connaissent aussi un chômage structurel de masse. L'Italie, qui a délégué aux régions le pouvoir d'aménager les contrats, n'est pas à l'abri non plus de la hausse du chômage. Ce n'est donc pas la panacée promise par Bruxelles.
En attendant son éventuelle réforme, le CDI à la française a-t-il des effets bénéfiques sur l'économie ?
Dans la vie des gens c'est évident. Le CDI est ce qui donne accès facilement à un logement en location, ou bien à l'achat d'une maison. Les banques ne prêtent que si elles ont des garanties durables sur le remboursement. La sécurité que le CDI procure aux salariés explique en partie le fait que la consommation des ménages français a continué de grimper pendant la crise, tandis qu'elle chutait chez les voisins européens. Le CDI peut aussi avoir du bon dans la vie des entreprises en temps de crise. C'est ce que les étrangers implantés en France, par exemple, ont ressenti. Leur activité française a moins souffert que le reste ces dernières années, car sachant qu'ils pouvaient difficilement jouer sur la variable de l'emploi, à cause de la rigidité du système, ils ont anticipé en actionnant d'autres facteurs.
Néanmoins les employeurs hésitent de plus en plus à passer de tels contrats
C'est vrai : deux embauches sur dix seulement se font en CDI, la proportion était inverse il y a dix ans. Si les employeurs se méfient du CDI, c'est surtout parce qu'il est très difficile à rompre, et quand l'activité est molle, c'est lourd de supporter un emploi. C'est sur ce point que la France se distingue le plus. En France, la loi protège mieux qu’ailleurs un salarié du licenciement. Mais cela a changé en 2008, avec la rupture conventionnelle du contrat de travail, qui permet à un salarié et à son employeur de casser un CDI sans faire de bruit. Et d'ailleurs, cette forme de fin de contrat a pris des proportions très importantes. En décembre, on a franchi la barre du million de CDI rompus de cette façon. Pour l'instant, il y a peu d'enquêtes statistiques sur le sujet. La dernière remonte à 2010, elle a été effectuée par le ministère du Travail et elle démontrait que sur le trimestre étudié en 2010, six ruptures sur dix étaient du fait de l'employeur.