Au Japon, le fait que le parti conservateur - qui a repris les rennes du pouvoir en décembre - joue la carte nationale paraît aller de soi, car c’est un peu sa marque de fabrique. Sur le plan économique, ce choix fait sens au moment où les clients étrangers de ses voitures ou de ses gadgets électroniques restreignent leurs achats. Autant se recentrer sur le territoire national.
Il est vrai que la dette japonaise - plus de deux fois le produit intérieur du brut du pays - est astronomique. Mais à la différence de la dette des autres pays occidentaux, elle est détenue à 95% par les épargnants locaux, et non par des fonds étrangers. L'archipel est donc pour le moment à l’abri d’une attaque des marchés.
Comment financer cette relance ?
Au diable l'orthodoxie financière, le nouveau gouvernement va continuer à s'endetter, quitte à dépasser le plafond autorisé. Il peut se le permettre aussi parce que le service de la dette est relativement modéré.
Il y a urgence, il faut au plus vite et à tout prix vaincre la déflation. Quand les prix baissent, comme c'est le cas au Japon depuis dix ans, les marges des entreprises en souffrent et l'investissement trinque. C'est la spirale déflationniste qui tire l'économie vers le bas.
Les industries exportatrices comme l'automobile bénéficieront-elles de cette relance ?
Elles ne vont pas profiter directement de la relance budgétaire, mais en revanche elles espèrent bien tirer partie de la politique monétaire du nouveau gouvernement. Car l'autre problème du Japon, c'est sa monnaie.
Trop forte, elle pénalise les exportateurs, notamment les constructeurs automobiles. La banque centrale a reçu littéralement l'ordre d'autoriser une inflation à 2%, au lieu des 1%. Un peu d'air permettra aux industriels nippons de retrouver de la compétitivité.
Cette politique de relance a-t-elle des chances de réussir ?
Cela dépendra du contenu exact de la relance, d’après Evelyne Dourille-Feer. Selon la chercheuse, « nous y verrons plus clair à la fin de la semaine, quand les arbitrages avec les régions et le Sénat auront eu lieu ». Evelyne Dourille-Feer estime que ce plan comporte une nouveauté intéressante : le recours au partenariat public-privé ainsi que l’engagement des régions aux côtés de l’Etat. Ce trépied pourrait rendre l’action plus efficace.
Cela dit, le parti conservateur n'innove pas vraiment, car la relance, c'est ce qu'il fait depuis les années 1950, à travers de vastes programmes de travaux publics. On appelle ça la politique du béton. Politique qui a donné des résultats inégaux.
Dans les années 1980, rappelle Evelyne Dourille-Feer, les routes et les ponts construits à la hâte ne se sont pas révélés être des investissements très utiles. Si les travaux sont orientés vers des besoins réels comme le renforcement des constructions anti-sismiques, les bâtiments économes en énergie, et puis bien sûr la reconstruction post-Fukushima qui a pris du retard, cela peut être intéressant, note la chercheuse.
Aujourd’hui l’économie en bref :
• Pour sauver Air Italia, on attendait Air France, c'est finalement Etihad Airways qui pourrait intervenir.
Le coup de pouce de la compagnie émiratie par ailleurs alliée d'Air France-KLM depuis peu confirme la montée en puissance des compagnies orientales sur le marché de l'aérien.
• Aux Etats-Unis, l'Etat est menacé de poursuite judiciaire par AIG, le poids lourd de l'assurance qu'il a pourtant sorti de l'ornière en 2008.
Quand la crise des subprimes éclate, AIG, est au bord de la faillite. L'Etat prend les commandes en acquérant 90% de son capital et pose ses conditions. Les pouvoirs publics se sont maintenant totalement retirés, ils ont même tiré un joli bénéfice de l'opération: 23 milliards de dollars pour un prêt de 182 milliards de dollars. Cette somme c'est en gros l'argent qu'AIG espère bien récupérer, car il estime que ses actionnaires ont été lésés! On n'ose imaginer contre qui AIG se serait retourné si l'Etat américain s'était dérobé! Le conseil d'administration d'AIG se réunit ce mercredi et doit préciser ses intentions
• En France, des clients de la BNP attaquent leur banque pour pratique commerciale trompeuse.
La famille plaignante avait investi tout l'argent issu de la vente de leur parfumerie dans le JET 3 proposé par la BNP. Ce produit d'épargne fait miroiter un triplement des gains. Mais l'envolée finit en crash. La famille, comme beaucoup d'autres clients, n'a non seulement rien gagné mais elle a surtout perdu une partie de son capital (au total JET 3 a fait perdre près de 28 millions d'euros à l'ensemble des souscripteurs). Les deux parties pourraient trouver un arrangement.