Cet amendement, ne fait pas l’unanimité au sein du groupe socialiste. C’est le moins que l’on puisse dire : 126 députés ont voté pour, 61 contre, 9 se sont abstenus. Preuve supplémentaire d'un certain malaise : une centaine de députés était absent lors de ce vote.
Aux yeux d’Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne, le débat intervient trop tôt : « Je pense que tout ce débat est prématuré et que nous devons prendre le temps de la discussion sur un sujet aussi complexe que celui-là. C’est le rôle des lois bioéthiques d’y revenir puisque jusqu’ici ce sont elles qui ont géré les cas dans lesquels on ouvrait la procréation médicalement assistée.
Je rappelle qu’aujourd’hui c’est ouvert uniquement pour raisons médicales et qui si on souhaite l’ouvrir pour des raisons sociétales, ça se défend, mais ça suppose d’avoir un débat large et de faire arriver ce débat à maturité. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ».
Une réforme fondamentale
La PMA est un sujet qui divise au Parti socialiste, mais qui rassemble à droite. Autant, quelques rares députés UDI ou UMP ont laissé entendre qu’ils pourraient se prononcer en faveur du mariage pour tous, autant ils sont tous totalement opposés à l’adoption et à la PMA. Le groupe UMP prévoit d’ailleurs de présenter en séance, un amendement de suppression de cette dernière mesure.
Dès la fin du mois de décembre, les parlementaires UMP sont montés au créneau, à l’image d’Eric Woerth. « On considère que c’est une réforme fondamentale parce que c’est une réforme qui change la vie en société, et change la famille et la filiation. On n’a pas le droit de le faire comme ça, au détour d’un amendement parlementaire, sans prise de position du président de la République sur un sujet comme ça. Encore une fois, le président se défausse totalement sur une majorité qui n’est plus du tout pragmatique mais totalement idéologisée. Il ne faut pas mettre d’idéologie derrière tout cela ».
Plus que la PMA, les opposants craignent que les couples d’hommes demandent eux aussi à pouvoir engendrer, et que l’on légalise à terme la gestation pour autrui, la GPA.
Philippe Gosselin est député UMP de la Manche : « Si on va jusqu’au bout de la logique, si on veut une égalité totale entre les femmes lesbiennes et les homosexuels hommes, il faudra pas simplement se contenter de la PMA, il faudra aussi aller vers la gestation pour autrui, et là c’est une vision de la société que je récuse parce que je ne peux pas réduire la femme à son ventre, je ne peux pas me résoudre à ce qu’un utérus soit loué, soit prêté… C’est vraiment pas la vision de la société et de l’humanité que je me fais ». Mais la gestation pour autrui, le gouvernement y est opposé. Ni les parlementaires, ni les associations n'ont d'ailleurs demandé la légalisation de la GPA.
La PMA intégré dans le projet de loi sur la famille ?
Sur la PMA, François Hollande n'a pas voulu trancher, laissant le soin au Parlement de décider. Il s’y était pourtant dit favorable durant la campagne présidentielle, sans pour autant l’intégrer dans ses engagements.
Comment les choses vont-elles évoluer dans les prochains jours ? Première hypothèse : l'amendement PMA est présenté, le 29 janvier, par le groupe PS lors du débat sur le mariage pour tous. Autre solution, la plus probable : le gouvernement et le groupe socialiste se mettent d'accord pour que cet amendement soit intégré dans un autre texte, dans le projet de loi sur la famille par exemple. Un texte qui sera présenté en Conseil des ministres au mois de mars, annonce faite jeudi 3 janvier par Matignon.
Cet amendement recevra, quoi qu'il arrive, le soutien des députés écologistes. Ces derniers aimeraient même aller un peu plus loin, comme l'explique Noël Mamère : « Au-delà de la PMA, nous demanderons la reconnaissance des enfants qui sont nés par gestation pour autrui. Ca ne veut pas dire que nous réclamons la gestation pour autrui, mais le droit de l’Enfant, qu’il puisse bénéficier d’une sécurité juridique ».
Le Parti communiste et le Parti de gauche sont, eux aussi, en principe de fervents partisans de la PMA. Sauf que récemment André Chassaigne, le chef de file des députés Front de gauche à l'Assemblée nationale, a fait part de ses réticences. Il souhaite que le texte soit débattu dans le cadre d'un projet de loi sur la bioéthique. Comme quoi, le sujet fait également débat à l'extrême gauche.