Dans l'entourage du chef de l'Etat, on a rapidement voulu calmer les choses. Ce courrier envoyé par François Hollande au tribunal ne serait qu'une démarche « individuelle, citoyenne et privée ». En clair, ce n'est pas le président de la République qui a rédigé cette lettre, mais le citoyen Hollande. Un citoyen choqué par certains passages du livre.
Au Parti socialiste, la gêne est évidente. Ce matin, Frédérique Espagnac, la porte-parole du PS, tentait une explication embarrassée : « Il est président de la République, je pense que s'il a jugé bon en tout cas lui de la faire, c'est qu'il a pensé à la fois il n'intervenait pas dans la justice et qu'il avait quelque chose à en dire. Voilà, je pense qu'il faut le prendre pour ce que c'est. C'est-à-dire une lettre qu'il a décidé de faire, pas plus, pas moins. »
Que le chef de l'Etat et le ministre de l'Intérieur interviennent dans une affaire judiciaire, voilà qui fait mauvais genre. La séparation des pouvoirs a été violée. L'accusation émane de l'avocat des deux journalistes, Me Olivier Pardo. De son côté, Jean-François Copé, le président contesté de l'UMP, ironise : « Je m'interroge sur les raisons qui ont pu amener François Hollande à donner tellement de leçons de morale à M. Sarkozy pendant le quinquennat précédent et à ne pas se les appliquer à lui-même. Alors je crois qu'il faut arrêter avec l'hypocrisie ».
La démarche est pour le moins maladroite, d'autant que François Hollande avait promis durant sa campagne de ne pas mélanger vie publique et affaires privées. Nouveau couac donc, au sommet de l'Etat. Après la mauvaise gestion du dossier Florange, l'Elysée n'avait sûrement pas besoin de cela.