Drame politique à la tête de l'UMP

Jean-François Copé a été élu, mais mal élu, à la tête de l’UMP. Or, après avoir accepté sa défaite, François Fillon relance le drame politique : trois fédérations d’outre-mer n’auraient pas été prises en compte. L’ancien Premier ministre conteste à nouveau le résultat du scrutin de dimanche dernier. François Fillon menace même d’aller plus loin et de saisir la justice.

C’est une crise absolument sans précédent pour l’UMP, le principal parti d’opposition qui vient à peine de souffler ses dix premières bougies et qui est désormais à deux doigts de l’implosion. On peut désormais parler de guerre fratricide dans laquelle semblent engagés François Fillon et Jean-François Copé avec deux logiques pour le moment totalement irréconciliables. L’ancien Premier ministre dit renoncer à la présidence de l’UMP mais exige qu’une présidence collégiale, sous l’égide d’Alain Juppé, soit installée à la tête du parti. Si tel n'est pas le cas, menace-t-il, il saisira la justice : « Je ne renonce pas du tout à déposer un recours. Mais si je dois déposer un recours, ce sera devant la justice. Il faut que chacun comprenne bien, et je le dis aux Français qui nous regardent ce soir, j’irai jusqu’au bout. »

Un duel inédit

« Que chacun prenne ses responsabilités », répond Jean-François Copé qui met son rival au défi de déposer un recours avec cette menace de recompter tous les bureaux litigieux, là où le camp Copé estime qu’il y a eu des fraudes massives.

Bref, l’impasse est totale. Nul ne sait comment se terminera ce duel, totalement inédit et dont la violence bien sûr est à la hauteur de l’ambition forcenée et concurrente des deux hommes pour la présidentielle de 2017. Visiblement, François Fillon n’a pas fait son deuil de cette première bataille perdue pour la présidence de l’UMP. Quant à Jean-François Copé, le président officiellement élu, il n’entend pas lâcher son siège conquis de haute lutte.

Sarkozy en embuscade

Dans le camp Fillon, où plus d’une centaine de députés réclament une direction collégiale, certains parlent déjà d’une possible scission. François Fillon ne semble pas prêt à prendre un tel risque mais le mal est fait. Pour les militants de l’UMP, déjà si soucieux de l’unité de leur parti, le spectacle est terrible et l’amertume gagne également certains députés de l’UMP. L’un d’entre eux confiait hier à l’Assemblée que « Copé et Fillon s’étaient démonétisés et qu’ils n’étaient pas des hommes d’Etat ».

Quelle que soit l’issue de cet affrontement et la sortie de crise pour l’UMP, cette bataille fratricide marquera sans aucun doute durablement l’image de ses deux protagonistes entre un François Fillon, mauvais joueur, mauvais perdant, et qui met en péril l’unité de son parti et un Jean-François Copé mal élu à la tête de l’UMP.

Enfin, d’après un sondage PSA publié ce jeudi, le meilleur candidat en 2017 pour les sympathisants de l’UMP, c’est finalement Nicolas Sarkozy, très largement devant François Fillon. Jean-François Copé, lui, est encore plus loin.

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