La commission nationale des recours, qui se réunira dimanche, est l'instance interne à l’UMP, chargée de trancher les litiges électoraux, selon les statuts du parti. Elle est composée de neuf membres, élus par le Conseil national de l'UMP, le parlement du parti. Six d'entre eux, dont le président, l'ancien député Yanick Paternotte, sont entrés en fonction pendant que Xavier Bertrand était secrétaire général du parti, trois autres en décembre 2010 juste après que M. Copé a pris les rênes de l'UMP.
Mais les fillonistes remettent en cause la légitimité de cette commission, estimant qu'elle est en « conflit d'intérêts » car ses membres, à commencer par son président, sont, selon eux, en majorité pro-Copé. Ils mettent également en avant les démêlés judiciaires de Yanick Paternotte, qui attend son jugement le 13 décembre dans une affaire d'abus de faiblesse pour laquelle le parquet de Nanterre a requis sa condamnation et une peine d'inéligibilité.
Conclusions sous quinze jours
Le fondateur de l'UMP Alain Juppé s'est quant à lui réjoui, jeudi 22 novembre, que sa proposition de constituer une commission collégiale « extra-statutaire » pour réexaminer sous sa présidence les résultats de l'élection à la présidence de l'UMP ait « été acceptée par Jean-François Copé et François Fillon ». Elle se réunira « dès le début de la semaine prochaine » en vue de conclusions « sous quinze jours ».
Les fillonistes refusent toutefois que la commission des recours réexamine les résultats. M. Fillon a ainsi souligné qu'il déposerait ses recours devant la seule commission Juppé. Après une fin de non-recevoir à une médiation Juppé, M. Copé a finalement fait savoir qu'il était prêt à accepter également « le verdict » du maire de Bordeaux, après la vérification par la commission nationale des recours.
Le président de la Cocoe, Patrice Gélard, a jugé jeudi soir qu'il n'était pas possible de « savoir qui va gagner » la présidence de l'UMP, ajoutant qu'on ne le saurait qu'après les recomptages « dans quatre ou cinq fédérations » litigieuses.
Les chances de succès d'Alain Juppé
Alain Juppé arrivera-t-il à sauver le parti qu'il a lui-même fondé il y a dix ans ? Il est bien sûr trop tôt pour le dire, mais la médiation d’Alain Juppé permet déjà d’ouvrir un chemin vers une possible sortie de crise, même si dans le chaos ambiant, rien ne dit qu'un nouveau coup de sang d’un camp ou de l’autre ne vienne enrayer ce processus.
Hier, le camp Copé a agoni le camp Fillon, l’accusant de « bourrage d’urnes massif, de turpitudes délibérées ». Les nerfs sont toujours à vif. Et même si les deux rivaux ont dit qu'ils accepteraient le verdict prononcé par Alain Juppé, que se passera-t-il si François Fillon est désigné vainqueur ? Jean-François Copé acceptera-t-il si facilement de céder son fauteuil de président ? Surtout, que fera François Fillon ? Bien qu'il ait annoncé qu’il renonçait à la présidence de l’UMP, ses partisans sont désormais beaucoup moins catégoriques.
C'est un vrai challenge qui attend Alain Juppé ce dimanche. Il doit réunir les deux hommes et désarmorcer la polémique sur le rôle que doit jouer la commission des recours saisie par Copé et récusée par Fillon. Le feuilleton est loin d’être terminé.
Avec AFP