Copé ou Fillon, quel président pour l'UMP ?

Les 300 000 adhérents de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) se choisissent ce dimanche 18 novembre 2012 leur président. Jean-François Copé ou François Fillon, un des deux sera celui qui entamera la reconquête du pouvoir. Créé il y a dix ans, le parti orphelin de Nicolas Sarkozy fait le rude apprentissage de l’opposition, sur fond de luttes fratricides.

Chacun a jeté ses dernières forces dans la bataille et ces derniers jours de campagne, autant Jean-François Copé que François Fillon ont forcé le ton. Les propos se sont durcis en trois mois de campagne et personne n’a fait de cadeau à l’autre.

Ils ne l’ont pas envoyé dire 

Jean-François Copé : Il a d’emblée choisi la ligne « droite décomplexée ». Et c’est en effet sans aucun complexe qu’il a déroulé au fil des meetings ses « coups » comme l’anecdote du pain au chocolat ou encore le racisme anti-Blancs. Il espère ainsi s’assurer les voix des franges les plus à droite du parti. Un pari risqué pour celui qui se veut le chef d’une opposition de « résistance ». Il n’a pas non plus ménagé son challenger, parlant « d’opposition en pantoufles » et qualifiant François Fillon de « Hollande de droite ».

François Fillon : Prenant le contre-pied de son concurrent, l’ex-Premier ministre s’est placé dans le rôle du rassembleur. Malgré deux interruptions de campagne pour des raisons de santé (fracture et calculs rénaux), il est parvenu à chaque fois à revenir dans le jeu en mettant en avant son « projet de redressement national », se plaçant d’ores et déjà dans une perspective présidentielle. Ce qui ne l’a pas empêché d’accuser son adversaire de « rechercher le buzz à tout prix » et de prendre « tous les virages à droite ».

 
Deux hommes, deux styles
 
Jean-François Copé : Fonceur, sanguin même, le député-maire de Meaux s’est appliqué durant toute sa campagne à faire en sorte de marcher dans les pas de Sarkozy. Mais les défections de Valérie Pécresse ou de François Baroin qui ont rejoint le camp de Fillon l’ont quelque peu ébranlé. Si doutes il y a eu, la radicalisation de ses propos les a vite balayés. Jouant de son dynamisme contre la « droite molle », les amis de Copé ne manquent pas une occasion de rappeler qu’âgé de 48 ans, soit dix ans de moins que François Fillon ou François Hollande, la différence sera toujours là pour la présidentielle de 2017.

François Fillon : Porté par des sondages favorables et rejoint par de nombreux poids lourds de l’UMP, le député de Paris compense son côté convenu par la promesse de faire rentrer de l’argent dans les caisses du parti qui pâtit de sa défaite. Cette campagne lui aura permis de s’émanciper de son image de « collaborateur » de l’ex-président et d’affirmer sa stature d’homme d’Etat, se référant d’ailleurs plus souvent au général de Gaulle qu’à Nicolas Sarkozy. De plus, il n’a de cesse de mettre en avant tous les projets personnels qu’il n’a pas pu mettre en œuvre du temps de Matignon.

Si jamais Nicolas Sarkozy revenait
 
Jean-François Copé : Si Nicolas Sarkozy observe de près le duel que se livrent son ex-Premier ministre et le secrétaire général de l’UMP, il s’est bien gardé de prendre parti. Mais un des engagements de la campagne de Copé pèse certainement lourd en sa faveur, c’est celui de ne pas s’opposer à Nicolas Sarkozy en cas de retour sur la scène politique de l’ex-président de la République. Le soutien affiché de Pierre Sarkozy, le fils, aux côtés de Jean-François Copé, a pour beaucoup de militants valeur d’adoubement.

François Fillon : Il a tourné la page et même face à l’éventuel revenant que serait Nicolas Sarkozy, François Fillon ira à la bataille et ne cédera pas sa place. Même s’il répète à qui veut l’entendre sa loyauté sans faille envers l’ancien président, contrairement à d’autres comme Jean-Pierre Raffarin ou Roselyne Bachelot. François Fillon garde l’œil rivé sur les municipales de 2014 et sur la présidentielle de 2017.

 

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