Après trois non-lieux successifs, le revirement est donc spectaculaire. Bien sûr, Patrice Spinosi et Jean Pierre Mignard, les avocats des parties civiles, avaient anticipé un nouvel échec. Mais la victoire est totale : la plus haute juridiction française a balayé le non-lieu en faveur des deux policiers. « Historique », « majeur », « considérable », Jean-Pierre Mignard multiplient les adjectifs pour qualifier cet arrêt:
« C’est vraiment une décision historique. Vous connaissez tous l’état de notre pays. Vous connaissez les déchirements qui sont les siens. Vous connaissez les failles, vous connaissez les souffrances qui sont les siennes. Eh bien, aujourd’hui, c’est vraiment une décision de renouement, c’est vraiment une décision de paix. […] Enfin, nous allons pouvoir plaider cette affaire. Le tribunal décidera ce qu’il voudra. L’affaire sera jugée, elle ne sera pas étouffée. »
« Il convient de s'interroger sur la passivité des forces de police », note la Cour de cassation. Une appréciation qui ravit Samir Miha, porte-parole des familles de Clichy-sous-Bois. Sans relâche, il explique dans les quartiers qu'il faut croire en la justice :
« A partir d’aujourd’hui, on peut considérer que les familles Traoré et Benna sont des victimes de ce qui s’est passé le 25 octobre 2005. C’est une grande avancée. Et j’espère que les jeunes vont continuer à croire en ce discours selon lequel il existe une justice dans ce pays et qu’elle est faite pour tous, pas uniquement pour les gens qui habitent à Paris, mais aussi pour ceux qui habitent dans nos banlieues. »
Un procès en correctionnelle est donc désormais probable dans l'affaire de Clichy-sous-Bois. Sept ans auront été nécessaires pour y parvenir.