Avec le premier projet de loi de finances de son mandat, François Hollande impose aux Français une cure d’austérité qui va bien au-delà de ce qui a déjà été amorcé en 2012. Grâce à des impôts nouveaux et des dépenses publiques moindres, le gouvernement espère réaliser en 2013 une économie de 37 milliards d’euros. Jamais un tel plan de rigueur n’a été appliqué dans l’Hexagone. Pour l’équipe au pouvoir, c’est le prix à payer pour contenir le déficit public dans la limite des 3% du PIB fixée par la Commission européenne.
Difficile d’opter pour une politique alternative ou plus souple quand les autres pays de la zone euro se soumettent déjà, pour la plupart, à un régime sévère. Les marchés pourraient sanctionner le vilain petit canard et faire remonter les taux d’intérêts, ce qui grèverait encore plus le budget de l’Etat. C’est pourquoi la marge de manœuvre est étroite.
Pour parvenir à l’objectif des 3%, le gouvernement a surtout créé des impôts nouveaux. Les ménages les plus aisés ont été ciblés avec une série de mesures fiscales temporaires. Une nouvelle tranche d’imposition doit être créée pour les foyers dont les revenus annuels dépassent les 150 000 euros par part. Les plus riches, ceux qui gagnent plus d’un million d’euros par an, devront aussi payer un impôt plus lourd avec la création de la taxe à 75% pour la tranche supérieure au seuil des un million. Le barème des impôts qui évolue en fonction de l’inflation sera par ailleurs gelé l’an prochain.
Toutes les couches touchées
D’après Guillaume Allègre, économiste à l'Observatoire français des conjectures économiques (OFCE), « c’est positif sur le plan social de viser les plus aisés », mais dans la réalité, toutes les couches de la population seront affectées car les entreprises qui elles aussi sont sollicitées vont répercuter la hausse des taxes sur leurs clients.
Parmi les mesures qui affectent les entreprises, on retiendra surtout la baisse de l’avantage fiscal consenti à celles qui s’endettent. Une mesure qui vise surtout les plus grosses sociétés, les PME sont épargnées. Ces dernières bénéficient par ailleurs d’un crédit d’impôt recherche élargi. Une clémence qui satisfait la CGPME qui représente les petits patrons. Mais certains d’entre eux sont inquiets pour d’autres raisons. Etienne Valat, président de la société Envirosport, spécialisée dans la construction d’équipements sportifs destinés aux collectivités locales, redoute surtout la baisse des commandes qu’entraîne de facto la baisse des dépenses publiques.
Au chapitre des économies que doit réaliser l’Etat, 10 milliards d’euros ont été programmés. Si les ministères de l'Education, de l'Intérieur et de la Justice voient leur quotidien amélioré, les autres vont devoir se serrer la ceinture. L'Agriculture, la Culture, et l'Economie sont les grands perdants et voient leur crédit fortement baisser. Pour Vincent Drezet du Syndicat national unifié des impôts, c’est très mal vécu à Bercy car le ministère de l’Economie et des Finances est au régime depuis 2002.
Avant même sa publication, ce budget génère un mécontentement général, et surtout, le scepticisme des experts. La plupart des économistes estiment que l’objectif des 3% ne sera pas atteint. Pour Guillaume Allègre, cette cure d’austérité va même tuer le peu de croissance attendue en 2013 et entraîner une hausse significative du chômage.