«Bug» de Facebook: faille sécuritaire ou faille journalistique?

Depuis le début de la semaine, Facebook est montré du doigt pour ce qui ressemblait à un bug sécuritaire – la publication d’anciens messages privés sur le mur des utilisateurs – mais qui pourrait en fait n’être qu’une erreur d’appréciation de la part des utilisateurs autant que des journalistes.

Facebook s’est expliqué devant la Commission informatique et libertés. Les dirigeants du réseau social, généralement au banc des accusés pour des fuites de sécurité, plaident l’innocence. Pour Facebook France, les anciens messages publiés avaient déjà à l’origine été publiés, ouvertement, sur le mur. Si leur caractère intime choque, c’est que nos usages sur le réseau social entre 2008 et maintenant ont changé en profondeur, vers plus de protection de la vie privée. Une excuse plausible, surtout que d’après les dirigeants du réseau, une fuite de la messagerie privée vers la « timeline » est impossible car les deux systèmes sont séparés. Pourtant, pour cette utilisatrice d'une trentaine d'années, aucun doute, « deux messages d'amis qui apparaissent sur ma page au beau milieu de messages d'anniversaire sont issus de conversations privées. L'un émane d'une collègue en congé maternité qui ne publie jamais rien sur sa page, et l'autre d'une amie qui me faisait un commentaire très privé sur son petit ami qui l'avait quittée », raconte-elle à l'AFP.

Alors que s’est-il passé lundi dernier ? Une mise à jour du serveur a rendu plus visibles, en les regroupant dans une case intitulée « X amis ont publié sur votre mur », des messages envoyés entre 2007 et 2009. Des journalistes - du quotidien gratuit Metro d’abord - se sont saisis de l’affaire, reprise ensuite par les grands quotidiens et les hebdomadaires sur leur site internet. Et la nouvelle se repend comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.

Le ministère de l’Economie numérique à pied d’œuvre

Par conséquent, le gouvernement s’est saisi du dossier ce mardi matin. Dans un communiqué commun, le ministère de l’Economie numérique et du Redressement productif fustigent « cet incident (qui) souligne une fois de plus l'importance de la protection de données personnelles dans l'univers numérique et le manque de transparence quant au traitement de ces données par un acteur tel que Facebook ». Fleur Pellerin, ministre de l’Economie numérique, est même allée plus loin dans une interview sur la chaîne d’information en continu I-Télé. Elle a invité les utilisateurs qui constatent une rupture évidente des conditions de confidentialité à porter plainte contre le groupe. Et pour toute personne ayant des doutes, elle recommande la fermeture du compte.

Facebook, présumé coupable

Facebook a déjà été confronté à plusieurs problèmes importants concernant la vie privée. En mai 2010, une faille de sécurité avait temporairement rendu accessibles les demandes d'amis et les chats d'autres utilisateurs. La même année, une enquête du Wall Street Journal avait révélé que de très nombreuses applications Facebook collectaient des informations personnelles sur leurs utilisateurs, sans leur autorisation. Facebook avait alors durci ses règles pour les développeurs.
Réglages complexes, options confuses, changements incessants, Mark Zuckerberg a tout fait pour que les internautes partagent le maximum d'informations, sans en avoir forcément conscience. Facebook a dérapé à de multiples reprises et a dû régler à l'amiable plusieurs « class actions ». A tel point que l'entreprise a été placée – comme Google – sous la surveillance des autorités américaines pour les 20 prochaines années.

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