Un journal de classe brésilien fait fureur sur Facebook

Au Brésil, une élève de 13 ans a critiqué son école sur une page Facebook et est devenue une célébrité. Sur sa page, qui débute comme cela : « Moi, Isadora Faber, 13 ans, j’ai fait cette page toute seule pour montrer la vérité sur les écoles publiques », la jeune fille a mis à jour des défaillances dans le système éducatif brésilien.

Elle ne chante pas, ne danse pas et ne réalise pas des prouesses dignes d’un plateau télé, mais du jour au lendemain, l’adolescente brésilienne Isadora Faber, 13 ans, est devenue la nouvelle star de la Toile brésilienne. Élève exemplaire de l’école publique Maria Tomázia Coelho, à Florianopolis (dans le sud du pays), elle a fait parler d’elle grâce à une page Facebook créée pour dénoncer l’absentéisme des instituteurs et la précarité dans l’établissement.

Des photos pour montrer les mauvaises conditions d’enseignement de son école

Son Journal de Classe a déjà reçu plus de 215 000 « j’aime » et devient même un véritable lieu de débat, avec plus de 252 000 personnes s’exprimant sur cette page Facebook (le Brésil est le deuxième pays en nombre d’utilisateurs sur Facebook). Depuis le mois de juillet, Isadora publie des photos pour montrer les mauvaises conditions d’enseignement de son école. Elle y a critiqué ouvertement son professeur de mathématiques, qui selon l’adolescente, « avait du mal à enseigner la matière ». Une initiative pour le moins inattendue pour une fille de son âge, qui reconnaît s’être inspirée de la petite Ecossaise qui dénonçait la mauvaise qualité des repas à l’école sur son blog.

Des chaises, des portes, des serrures, des lunettes pour les toilettes...

Rapidement, la page s’est popularisée sur Facebook et a attiré l’attention des médias brésiliens et étrangers. Prise au dépourvu par le feu médiatique, la mairie a démarré illico des travaux pour rafraîchir la façade et équiper l’école. Depuis peu, les camions déchargent des chaises, des portes, des serrures, des lunettes pour les toilettes... Des travaux qui sont suivis de près par Isadora, qui dédie une bonne partie de sa journée à l’actualisation de sa page, maintenant célèbre. Le professeur de maths critiqué a été évincé, de quoi faire rugir les syndicats qui le voit comme un bouc émissaire.

Au Brésil, les écoles publiques de bonne qualité sont rares

Pour comprendre la polémique, il faut savoir qu’au Brésil, les écoles publiques de bonne qualité sont rares, et les familles les plus aisées se tournent vers le privé, pour assurer une éducation correcte à leur progéniture. Pour les syndicats, l’instituteur n’est donc pas différent de ceux des autres écoles publiques, confrontées à de graves problèmes structurels.

La mère d’Isadora, étonnée par l’ampleur du phénomène

Selon la secrétaire à l’Education de la Ville, Sidneya Gaspar de Oliveira, qui doit rencontrer l’élève mardi prochain, l’initiative d’Isadora a été « brillante ». Ce qui n’empêche pas l’élève d’entendre des commentaires acides de la part des professeurs, selon sa mère Mel Faber, qui envisage même de demander de l’aide à la mairie. « Les professeurs n’acceptent pas ce qu’elle a fait et font des remarques pendant les cours », raconte-t-elle, encore étonnée par l’ampleur du phénomène.

Selon Mme Faber, Isadora a reçu le soutien de plusieurs élèves et de quelques parents, et n’envisage pas pour l’instant de quitter l’école. « Elle a embrassé une cause, et cela demande beaucoup de responsabilités. Je la soutiens, elle était en plein exercice de sa citoyenneté. Depuis le début de l’année, sa classe n’avait pas de cours de maths », explique-t-elle. 

« Parlant peu, mais ayant les doigts bien aiguisés »

Grâce à la force des réseaux sociaux au Brésil, Isadora est devenue un personnage convoité par les médias, et sa mère avoue passer plusieurs heures par jour au téléphone pour pouvoir répondre aux questions. Les journalistes brésiliens la décrivent comme quelqu’un « parlant peu, mais ayant les doigts bien aiguisés », un éloge à ses billets publiés sur Facebook.

En réalité, l’écriture d’Isadora, qui veut devenir journaliste, est plutôt étonnante pour une fille de son âge : avec une orthographe et une syntaxe parfaites, elle a déjà du style et de la maturité. A commencer par le texte de description de sa page : « Moi, Isadora Faber, 13 ans, j’ai fait cette page toute seule pour montrer la vérité sur les écoles publiques. Je veux le meilleur pas seulement pour moi, mais pour tout le monde. »

« Timide, elle lance le débat et laisse les gens en discuter »

Isadora n’est pas vraiment une fille comme les autres. Elle n’aime pas Justin Bieber et préfère le « vrai rock ». Ses groupes favoris sont Nirvana ou encore Red Hot Chilli Peppers. Mel Faber raconte que sa fille a toujours été quelqu’un appréciant la « polémique ». « Elle est timide, ne parle pas beaucoup, mais lance le débat au sein d’un groupe et après laisse les gens en discuter. » Et comme les mères ont toujours raison, vendredi, Isadora a annoncé sur Facebook que des élèves d’autres écoles publiques du pays lui ont écrit pour raconter qu’ils avaient aussi créé un Journal de Classe.

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