Coup de fil de Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, jeudi matin, à son Premier ministre : « Qu'est-ce qu'on fait ? ». Dans son bureau de Matignon, Jean-Marc Ayrault s'exclame : « On ne va pas laisser Marseille devenir Naples ! », une ville à la dérive, à l'abandon.
La fermeté est de mise. Manuel Valls y veille. Dans la droite ligne du discours du Bourget de François Hollande pendant la campagne « la République vous rattrapera ». Mais pas question pour autant d'envoyer l'armée, comme le réclame la sénatrice-maire PS Samia Ghali.
Jean-Marc Ayrault en est convaincu, la réponse du gouvernement ne peut pas être que sécuritaire, alors que dans certains quartiers marseillais le taux de chômage des jeunes atteindrait 70%.
D'où la décision prise, très rapidement, de convoquer un comité interministériel. Aux côtés des ministres de l'Intérieur et de la Justice, ceux de l'Education, de l'Emploi ou de la Santé auront aussi leur mot à dire. C'est la méthode du gouvernement qui vaut pour tous les dossiers : « réactivité et travail de fond ». Ce qui demande du temps. Un écueil que l'entourage du Premier ministre a déjà bien intégré : « On n'aura pas tout de suite des résultats ». C'est toute la difficulté de l'exercice du pouvoir : gouverner dans la durée face aux impatiences de l'opinion.