Interrogé conjointement sur les chaînes TF1 et France 2, François Hollande a signifié samedi son attachement à « l'effort juste », qui doit selon lui symboliser le sens de son action politique, préférant ce terme à celui de rigueur. « Il n'y aura qu'un seul mot dans ma bouche qui sera employé parce qu'il correspond à ce que je veux faire : l'effort, l'effort juste », a-t-il formulé devant les caméras. Il a cependant laissé ouvertes les options fiscales exception faite de la TVA, indiquant notamment que le relèvement de la CSG (Contribution sociale généralisée) était « une voie possible ».
Effort juste
« Oui, il nous faut faire des efforts, y compris en faisant des économies, y compris en appelant les ressources par la fiscalité » de « ceux qui ont eu beaucoup (...) du gouvernement précédent », a-t-il poursuivi. S’agissant de la règle d’or de retour à l’équilibre budgétaire, le président a confirmé qu’elle ne serait pas inscrite dans la Constitution. « J'ai dit aux Français que la règle d'or ne figurerait pas dans la Constitution » a-t-il rappelé, précisant que cela se ferait en revanche « dans le cadre d'une loi organique ».
François Hollande s’est aussi longuement exprimé sur le cas de PSA, le constructeur automobile qui a annoncé jeudi un plan de licenciement visant plus de 8 000 emplois. « L'Etat ne laissera pas faire » a-t-il prévenu, avant de poursuivre : « ce plan, je le considère en l'état inacceptable (...) il doit être renégocié ». S’il a convenu que le gouvernement ne pouvait pas interdire la fermeture du site d'Aulnay, le président a indiqué qu’il pouvait faire en sorte qu'Aulnay reste un site industriel et qu’un plan stratégique pour l'automobile serait annoncé le 25 juillet.
Vie privée, vie publique
Le président a par ailleurs donné pour la première fois son sentiment sur l’affaire du tweet posté par sa compagne Valérie Trierweiler, en affirmant qu’il avait dit à ses proches que « les affaires privées se réglaient en privé » et qu’il leur avait demandé que cela soit « scrupuleusement respecté ». « Les Français veulent que les choses soient claires, que l'Etat soit dirigé par celui qu'ils ont choisi et qu'il n'y ait aucune interférence », a-t-il déclaré. « Il n'y a pas de statut (ndlr de première dame). Valérie veut garder son activité professionnelle. Je comprends », a-t-il ajouté à propos de sa compagne, qui est journaliste à l’hebdomadaire Paris-Match. « Ce n'est pas facile de prendre cette place. Il doit y avoir des règles », a-t-il conclu sur le sujet.
Le chef de l’Etat a ensuite annoncé la création d’une commission sur la moralisation et la rénovation de la vie politique. Elle sera confiée à l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, « un homme incontestable pour son intégrité ». « Cette commission nous fera des propositions pour le non-cumul des mandats, le financement des campagnes, les modes de scrutin et enfin tout ce qui est charte éthique », a précisé François Hollande, avant d’ajouter : « quand on est élu de la République, il doit y avoir des règles qui s'imposent et donc aucun conflit d'intérêt ne peut être toléré ».
En ce qui concerne la politique étrangère, il a notamment évoqué la situation au nord du Mali. « C'est aux Africains de déterminer et le moment et la force d'une intervention sous égide de l'ONU et de l'Union africaine », a affirmé François Hollande, sous-entendant qu’une intervention militaire française était exclue.
Quant au drame syrien, François Hollande a déploré que La Russie et la Chine « bloquent toute résolution au Conseil de sécurité » de l'ONU pour tenter de trouver une solution aux violences. « Je l'ai dit à M. Poutine, qui est très attaché à ce que la Syrie reste proche de son pays », a-t-il rappelé. « Je lui ai dit, le pire, c'est d'avoir une guerre civile en Syrie. Donc faisons en sorte de trouver une position politique qui évite la guerre civile. Il est encore temps, plus que temps », a-t-il ajouté.