La France en état de choc: 8000 emplois supprimés chez PSA

Aulnay-sous-Bois, l'usine automobile française du groupe PSA, arrêtera la production en 2014. 3 000 postes sont supprimés. L’information révélée il y a un an par la CGT du site a donc été officialisée ce jeudi 12 juillet dans la matinée par la direction du groupe PSA. Mais le plan de restructuration retardé (en raison de l’élection présidentielle ?) va bien au-delà puisqu’au total 8 000 emplois vont disparaître, 6 500 salariés du groupe seront licenciés.

Même si les projets de la direction de PSA Peugeot étaient connus de longue date, leur annonce ce jeudi matin au siège du groupe, lors d’un comité central d’entreprise extraordinaire avenue de la Grande Armée à Paris, provoque une véritable onde de choc à travers toute la France. Un « séisme » pour le département de Seine-Saint-Denis où l’usine d’Aulnay joue un rôle moteur dans le tissu économique local représentant 3 000 emplois directs et plus de 6 000 induits. Une épreuve aussi pour la ville de Rennes affectée par la suppression de 1 400 emplois. 3 600 autres postes disséminés à travers toute la France vont également disparaître dans les fonctions de structure du groupe. C’est un « choc » pour les salariés et leur famille a souligné le Premier ministre dans sa première réaction publique.

Gérer l’urgence

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a par ailleurs annoncé deux directions de travail pour le gouvernement. Il va d’abord mandater un expert qui va immédiatement se rendre à Aulnay pour étudier dans les quinze jours qui viennent les modalités de reconversion du site. Dans un deuxième temps un plan de soutien à la filière automobile sera présenté le 25 juillet prochain.

Il n’est donc pas question d’empêcher le plan annoncé ce matin, d’une part parce que PSA est une entreprise privée, d’autre part parce qu’elle ne le demande pas. La société qui a reçu 4 milliards d’aide publique au cours des quatre dernières années - d’après la ministre de la Santé Marisol Touraine - ne sollicite pas l’Etat. « Mettre de l’argent dans le groupe n’est pas ce qui remplira nos usines », a déclaré Philippe Varin, le président du groupe lors de la conférence de presse donnée ce jeudi matin.

Pourquoi PSA est à la peine

Pour faire marcher les usines, il faut surtout des clients. Or les ventes de voitures s’effritent en Europe. C’est ce constat qui motive le plan social. Au premier semestre 2012, le groupe affiche une perte de 700 millions d’euros dans sa filière automobile. Une analyse erronée d’après les syndicats qui estiment que l’entreprise continue à gagner de l’argent. D’après les spécialistes du secteur automobile, le problème du PSA n’est pas seulement l’atonie du marché automobile européen mais surtout des erreurs stratégiques et un mauvais positionnement.

Les constructeurs allemands fabriquent par exemple les véhicules hauts de gamme qui génèrent les marges les plus fortes chez eux et délocalisent la production des petits modèles beaucoup moins profitables quand ils sont fabriqués sur le sol allemand. Le précédent dirigeant du groupe PSA avait aussi pêché par excès d’optimisme en se fixant l’objectif de sortir 4 millions de voiture par an.

Résultat, le groupe a des surcapacités de 25% en Europe, notamment sur le segment des petits véhicules. PSA Peugeot Citroën n’a pas de créneau porteur comme les voitures hybrides du japonais Toyota ou les low cost de Renault qui contribuent fortement à ses bénéfices.

Au-delà de la crise du secteur automobile, ce plan massif de restructuration intervient dans un climat économique défavorable puisque la croissance est quasiment nulle en France. Le groupe s’est engagé à proposer un emploi à tous les partants, le gouvernement lui demande de tenir ses engagements. Il pourrait aussi être fortement sollicité pour favoriser les départs en retraite anticipée.

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