Il s'agit d'un réquisitoire implacable, plus sévère encore qu'en première instance, où quatre ans de prison ferme avaient été requis, mais plus sévère aussi que le premier jugement. Cette fois, l'avocat général a requis le maximum de la peine prévue pour un abus de confiance: cinq ans de prison ferme.
Dominique Gaillardeau, l'avocat général articule son réquisitoire autour de quatre faits saillants : il y a tout d'abord la dissimulation; Jérôme Kerviel a fait prendre un risque à la banque, risque qu'il a masqué. Jérôme Kerviel, poursuit-il, a développé un sens de l'adaptation et de la répartie pour tromper les services de contrôle. Troisièmement, il s'est systématiquement abstenu d'éclairer sa hiérarchie sur les risques qu'il prenait. Et enfin, note l'avocat général, le trader, pour emporter la conviction de ses interlocuteurs va produire de faux courriels: il y a là volonté de tromper.
Pour Dominique Gaillardeau, la théorie du complot soulevée par la défense n'est qu'une fable. Si les contrôles de la Société générale ont été « défaillants », souligne-t-il, rien n'obligeait Jérôme Kerviel à s'engouffrer dans les failles du système. Sa responsabilité est donc pleine entière et sans partage. Et l'avocat général de conclure: Jérôme Kerviel est un « pervers manipulateur », la sanction doit être exemplaire et dissuasive.